Du volcan à la révolution, l'Islande sent le souffre

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Souvenez-vous, c’était il y a à peine un an. Un volcan islandais au nom imprononçable avait fait « éruption » dans notre vie quotidienne en paralysant le réseau aérien d’un bout à l’autre de la planète. Dispersant de ci de là quelques glaviots de laves et de poussières suffisamment fort pour enquiquiner toutes les compagnies aériennes, le monstre naturel avait attiré toutes les caméras du monde vers l’île de glace durant de très longues semaines.


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La polémique était mince, certes, mais l’aptitude de nos chers confrères journaleux à enfoncer des portes ouvertes avait bel et bien fait recette. Fascinés par un phénomène dont personne au fond n’avait cure, et persuadés de propager l’information du siècle, les médias européens s’étaient précipités aux abords du volcan comme des moustiques contre un lampadaire. L’hystérie collective avait alors réussi à faire de la montagne une star en bonne et due forme en lui prêtant une attention démesurée. Les projecteurs médiatiques braqués sur elle en permanence, on pouvait suivre à la minute près les évolutions du pauvre être dégoulinant. Et puis…. Plus rien ! Plus un mot.

L’ Islande semblait bien être retournée dans les ténèbres hivernales dont elle n’était presque jamais sortie. Quoi de plus normal me direz-vous, puisque la bête immonde s’était enfin arrêtée de vomir ? Pourtant, car il y a un pourtant comme dans chaque histoire, une fois de plus la classe médiatique s’était révélée parfaitement incompétente.

"Celui qui contrôle les médias contrôle les esprits". Jim Morrison

Exactement au même moment, précisément au mois de mars de l’année dernière, une autre information primordiale était totalement passée sous silence par les médias traditionnels: les Islandais étaient en train de débuter une incroyable révolution.

Comme tout les pays dont la pensée unique vantait jusqu’ici les mérites libéraux (Espagne, Grande Bretagne, Grèce, Suède et j’en passe), l’Islande a subi de plein fouet la crise financière. Comme partout ailleurs, les mobilisations populaires se sont enchaînées sur fond de revendications sociales et démocratiques. A la fin de l’année 2009, pourtant, le scénario a commencé à prendre forme quand le peuple de Reykjavik a marché sur le palais présidentiel, destituant pour l’occasion la droite au pouvoir. Une bataille politique particulièrement théâtrale s’est alors entamée dans le plus parfait silence médiatique. Une loi proposait aux islandais de sauver, comme ici, comme partout, le naufrage des banques par un véritable racket économique : 4 milliards d’euros devaient être déboursés, ce qui revenait à faire payer 100 euros par mois et par citoyen pour maintenir les escrocs sains et saufs.

La pression populaire est alors parvenue à imposer au pays le premier referendum de son histoire
, dont le score sans appel (93% de refus du plan de sauvetage !) a entamé une spirale révolutionnaire qui continue encore aujourd’hui. Mobilisations exceptionnelles, nationalisation des principales banques, et désormais réinvention d’un système démocratique (une assemblée constituante composée de 25 simples citoyens depuis le 27 novembre), l’Islande est en train de devenir un cas d’école pour les alternatives au capitalisme.

L’hypocrisie du monde médiatique a fait, une fois encore des miracles. Le grand vacarme déployé autour de questions parfaitement anecdotiques a permis d’étouffer dans l’œuf les informations importantes. Les colères qui grondent de part et d’autre de la planète ne sont plus relayées par les télés, les journaux, ni les radios. A croire que le volcan islandais n’était pas celui qu’on croyait…

A suivre (de très près)

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3 commentaires sur “Du volcan à la révolution, l'Islande sent le souffre

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