Kamal Joumblatt

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Cette semaine, et plus particulièrement mercredi 16 mars, le Poisson Rouge aura une pensée pour Kamal Joumblatt, leader de la gauche libanaise,  né en 1917 à Mukhtara dans le Chouf (Sud Est de Beyrouth), dans une famille druze influente : son père, Fouad Joumblatt était en effet gouverneur de la région du Chouf.

Après des études  de philosophie et de droit à la Sorbonne et à l’université Saint Joseph au Liban,  il rejoint le combat politique. Elu député d’abord sous l’étiquette du parti du président Béchara El-Khouri, il fonde bientôt le Parti Socialiste Progressiste, puis le Front Socialiste National. Sous cette étiquette, il dénonce notamment le trucage des élections, la corruption et l’autoritarisme du gouvernement du président Bechara El-Khouri, qui, sous pression, finira par démissionner en 1952.

Camille Chamoun, qui succède à Béchara El-Khouri, n’est malheureusement lui aussi qu’un pantin à la solde des occidentaux. Le Front Socialiste National, présidé par Joumblatt, lutte au contraire activement pour l’indépendance des peuples arabes. Pendant la guerre de Suez notamment, il se rangera du côté de Nasser, contre Israël et les pays occidentaux. Il milite pour une République Arabe Unie, avec l’Égypte et la Syrie (de l’époque), contre le « Pacte Eisenhower »  qui autorise une intervention armée des Etats-Unis en terre arabe.

Drapeau du Parti Communiste Libanais

En tant que leader du Parti Socialiste Progressiste, Kamal Joumblatt préside en 1960 la Conférence des « non alignés », mais c’est sous l’étiquette du Front de Lutte Nationale qu’il deviendra successivement ministre du travail, de l’éducation et de l’intérieur du président pacifiste Fouad Cherab (élu à la régulière). Ces fonctions officielles lui permettent d’organiser le soutien aux combats des palestiniens (en particulier à l’OLP de Yasser Arafat), et des progrès sociaux au Liban.

Militant infatigablement contre le système confessionnel libanais, Joumblatt se pose en fédérateur de toutes les consciences de gauche, sunnites, chiites, chrétiennes et druzes. Ce travail d’une vie sera consacré en 1972 par la remise du « Prix Lénine pour la Paix » de l’Union soviétique. Il ne parviendra pour autant pas à empêcher le pays de sombrer dans la guerre civile à partir de 1975. Joumblatt, le PSP et le Parti Communiste Libanais, qu’il a légalisé en 1970, se posent alors en principaux opposants au gouvernement dont ils remettent en cause la légitimité. Avec le soutien de l’OLP, il contrôle rapidement près de 70% du pays, ce qui provoquera l’intervention syrienne, qui voit d’un mauvais oeil l’influence grandissante des partis progressistes.

Dernière affiche du Parti Communiste Libanais - "changer par le Rouge"

C’est au cours de cette guerre civile, au cœur des montages libanaises, que celui qui était surnommé « al Moallem », (le sage et le maître) est assassiné le 16 mars 1977, pris dans une embuscade, son corps est retrouvé criblé de balles. Une enquête est ouverte, qui ne mènera évidemment à rien, avec notamment des témoins achetés. Derrière cet assassinat se cachent très probablement les services secrets syriens, opposés à la réalisation d’un état libanais libre et indépendant, soutien trop gênant au peuple palestinien.

En grand homme de gauche, Kamal Joumblatt voyait son engagement politique comme un « sacerdoce », une « mission » à remplir, un engagement de « charité », qui guidaient son action pour l’édification d’une nation libanaise libre. Il était convaincu qu’une réforme démocratiques des institutions libanaises était nécessaire, selon ses termes « un 1789 libanais », pour passer du stade de la division des nombreuses communautés libanaises au stade de la nation unie. Kamal Joumblatt n’aura jamais vu son objectif accompli, mais le vent qui se lève aujourd’hui à l’est et qui finira sans doute par atteindre le Levant nous fait un peu garder l’espoir qu’un jour, nous serons les témoins de la réalisation de ce beau rêve.

Vous venez de lire le troisième article de la nouvelle rubrique du Poisson Rouge « Espoirs assassinés » (cliquer pour voir la vidéo correspondante). « Au nom de l’idéal qui les faisait combattre et qui nous pousse encore à nous battre aujourd’hui » (comme le chantait Ferrat), cette série a pour but de rendre hommage régulièrement à des grands Hommes de notre passé qui représentaient autant d’espoirs formidables pour l’humanité et qui furent victimes de la guerre que mène depuis trop longtemps le capitalisme contre les peuples.

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