Cantonales que l'amour

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Un petit billet rapide en ce lundi matin pour analyser les résultats des élections cantonales. La première chose qui frappe, évidemment, c’est l’abstention. Plus de 55% des électeurs ne se sont pas déplacés hier, avec des records notamment dans le Val-de-Marne, avec 63% d’abstention. En même temps, ce n’est pas très étonnant au vu de la non-campagne totale qui a eu lieu ces dernières semaines. Entre le dénigrement quasi-systématique dans les médias, sur l’air du « les cantonales de toutes façons ça n’intéresse personne », et la non-implication hallucinante de l’UMP, visible notamment par l’absence d’étiquette pour un nombre impressionnant de candidats de droite, on pourrait presque dire qu’il n’y a eu ni débat ni élection.

Cette abstention n’est donc pas une surprise, et ce n’est pas là qu’on trouve les enseignements les plus intéressants de ce scrutin. C’est du côté de l’UMP et du FN qu’il faut regarder pour comprendre ce qui a changé en France ces derniers mois. Le constat global est déjà assez clair en soi : l’UMP s’effondre et le Front National fait une percée importante (qui n’est pas inattendue, non plus, on en parlait ici-même il n’y a pas si longtemps). Mais quand on regarde de plus près, on comprend vite ce qui s’est passé.

En Île-de-France notamment, c’est dans les cantons où la droite n’avait aucune chance de passer que le FN enregistre ses scores les plus élevés. Au contraire, dans les cantons où la droite était sortante, ou bien où le résultat reste disputé, l’UMP et ses alliés réalise des scores assez honorables. Cela ne signifie qu’une seule chose : les voix de l’UMP et du FN sont désormais les mêmes, et leur répartition entre les deux partis se fait uniquement sur la base des résultats espérés. Autrement dit, le bon résultat de l’UMP dans les cantons où il était possible qu’elle gagne est dû uniquement au vote utile d’électeurs qui auraient pu donner indifféremment leur voix à la Marine.

Aujourd’hui, donc, le Front National est un allié objectif de la Majorité Présidentielle. Et par transitivité, l’UMP est un allié objectif du Front National. Copé, en n’appellant pas à l’alliance républicaine au second tout, montre qu’il l’a très très bien compris. Certains y verront du cynisme ou de l’opportunisme. C’est pourtant bien plus simple : de Brunel à Guéant en passant par Longuet et Devedjian (mais un Chirac n’est pas tout blanc non plus, ne nous y trompons pas), on constate que la droite française a toujours eu un tropisme fort pour les valeurs nauséabondes de l’extrême-droite. Si jusqu’à aujourd’hui, ils les cachaient derrière une façade libérale bon teint, ce sera désormais impossible : les masques n’en finissent plus de tomber, et il va falloir rapidement une prise de conscience globale de cet état de fait : maintenant, droite et extrême-droite en France, c’est du pareil au même.

Oh. Et désolé pour le titre, mais j’ai pas pu m’en empêcher…

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Un commentaire sur “Cantonales que l'amour

  • On imagine difficilement des ministres FN dans un gouvernement UMP, mais il est vrai qu’on peut entrevoir des possibles alliances ou report de voix à des élections locales. C’est un peu toute l’ambiguïté de la notion « d’allié objectif », qui n’a pas grande signification, si ce n’est celle qu’on veut lui donner.
    En tous cas c’est un jeu auquel le FN n’a aucun intérêt objectif ; même si ça aurait au moins le mérite de reclarifier le clivage gauche/droite. Quitte à taper dans la politique fiction, il est peut-être plus logique de voir un éclatement de l’UMP qui a tenté de réunir des positions assez éloignées entre centristes, libéraux, gaullistes, conservateurs et réactionnaires… Pour ça il serait intéressant d’analyser plus finement la composante « divers droite ».

    Sinon, un truc toujours surprenant dans les graphiques de résultats électoraux : mettre EE à gauche du PS proche du FG… Au vu de leurs positions économiques et politiques une fois sortis de leur pré-carré où ils se permettent d’être radicaux (nucléaire et cie en ce moment) et des discours d’intentions, leur place « objective » est plutôt à la droite du PS, puisque l’alliance verte-rose se fait au détriment du rouge.

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