Le 10 avril dernier, le Poisson Rouge a eu une pensée pour Tembisile Chris Hani ; né dans le village rural de Sabalele, dans la misère du bantoustan (terme sud africain pour désigner les ghettos noirs durant l’apartheid) de la région du Transkei, au Sud Est de l’Afrique du Sud. A 15 ans, il adhère à la ligue de jeunesse de l’ANC (African National Congress Youth League, le grand parti d’opposition au régime des blancs) tout en continuant ses études, jusqu’à un diplôme de latin et d’anglais. Lorsqu’en 1960, l’ANC est interdite, il rejoint sa branche armée, l’Umkontho We Sizwe (la lance de la Nation).
Après de nombreux va et vient dans les geôles des blancs, pour militantisme communiste principalement, il participe au conseil révolutionnaire de l’ANC qui uni pour la première fois des noirs, des blancs et des métis autour d’un but commun, une nation Sud Africaine libre de toute discrimination. Une petite vidéo du Times résume son action (pour ceux qui n’en peuvent plus de lire).
Chris Hani a suivi un entrainement militaire au Zimbabwe, il a combattu en Angola, au Botswana, sur les fronts de la lutte contre les injustices perpétrées par les occidentaux dans ces pays riches en minerais. Dans les années 1980, son intégrité, la force de ses convictions l’ont porté au poste de commandant adjoint de l’Umkontho ; il milite alors pour l’insurrection générale sans compromis contre le gouvernement blanc en Afrique du Sud. Progressivement, il accepte de négocier, plus facilement lorsqu’à la libération de Mandela, l’ANC est autorisée dans le pays. Il adhère aux principes de réconciliations, et devient en 1991 le secrétaire du parti communiste sud africain.
C’est le 10 avril 1993 qu’il est assassiné devant sa maison dans la banlieue ouvrière de Boksburg, le meurtre pousse les villes africaines au bord de l’insurrection.
Nelson Mandela lui rendra l’hommage suivant : « Ce soir, je m’adresse à chaque Sud-africain, blanc et noir. Le meurtre de sang-froid de Chris Hani a envoyé une onde de choc à travers le pays et le monde… Il est temps désormais pour l’Afrique du Sud de se rassembler contre tous ceux qui veulent détruire ce pour quoi Chris Hani a donné sa vie – notre liberté à tous », avant d’être porté au pouvoir un an plus tard, le 10 mai 1994. Le meurtrier de Chris Hani et un de ses commanditaires, des nationalistes du parti conservateur, seront emprisonnés à perpétuité. Il aura dédié son honnêteté, son intégrité, sa vie à la défense des droits des masses laborieuses discriminées de son pays.
