Brême, Ben Laden & Bifurcations

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Mais pourquoi le vibro devenait-il soudain si capricieux ? Elle s’en agaçait. Il s’arrêtait sans prévenir, patinait, chuintant comme une hélice hors d’usage lorsqu’elle eût voulu au contraire qu’il s’ébrouât à un rythme d’enfer. Et pourtant, elle en avait bien besoin de son vibromasseur, la femme du capitaine. Elle ne s’était jamais sentie aussi frustrée sexuellement depuis sa piteuse nuit passée avec un capitaine d’un pétrolier géant irlandais, sacré mauvais amant , durant l’hiver 1979, alors que son mari tirait joyeusement des bordées en Mer des Sargasses contre des bateaux ravitailleurs hollandais.

OK, le capitaine appréciait les petites demoiselles de chacun des quarante deux ports de la mer Baltique, et ça ce n’était un secret pour personne.  Ce qu’il cachait plus volontiers, et qu’il n’aura révélé pour rien au monde, c’était une attirance quasi animale pour le lieutenant Schlumpf, le gros malabar musculé et rayé qui commandait, depuis la capitainerie du port, la sortie des sous marins, ces tueurs silencieux des profondeurs. Mais ce que notre brave et légèrement homo capitaine cachait encore plus, ce n’était pas sa nuit passée dans la suite 2806 du Sofitel, c’était tout simplement qu’il en pinçait pour Ben Laden jeune, sanglé dans son uniforme de l’armée anglaise. Bon, c’est vrai qu’il avait de la gueule. Il était pas dans un moche pavillon de banlieue à regarder des films pornographiques entouré d’une enceintre de six mètres de haut.

D’aucuns vont croire que ce post part en vrille. Faux. J’ai les pensées ordonnées comme des cotons tiges ces temps-ci. Je voulais vous parler de l’un de mes premiers voyages en bus Eurolines, 17 ans et demi, direction Brême, Allemagne, fin février. Je m’étais juré de ne pas m’endormir avant de voir les premières neiges apparaitrent sur les bas côtés de la route, signe pour moi ô combien romantico-affectif qu’on arrivait bien en Allemagne. Bien sur je me suis endormi avant, et réveillé en sursaut par un cahot de la route alors qu’on était déjà bien avancé en territoire allemand. La neige s’empilait joyeusement comme de la mousse à raser sur la route, couleur jaune pisseux sous les phares fatigués du vieux car. A la pause sur l’aire d’autoroute, je suis sorti respirer à pleins poumons l’air de la nuit. Il n’y a rien de plus chouette que de respirer l’air d’un pays inconnu pour la première fois. Geste enfantin, puéril, grandiose, répété à chaque fois depuis lors, en Inde, sur le ferry anglais, sur le tarmac américain.

vive Ryanair

Bon et alors, plus de nouvelles ?

Si !

La Moissonneuse. Mais c’est la semaine prochaine que cela commence. Ce post est un donc un post de transition. Pour vous laisser respirer, boyz and gurls.

Descendre la
Rue de Belleville en scooter
Passer devant l’église clin d’œil
Aux vitraux aux nems graisseux

Si j’avais une fille
Découpée dans Scott Fitzgerald
Ou Hemingway
Je l’inviterais aux « Folies » le grand café

En bas de la rue de Belleville
La première claque sèche comme la suie
La seconde, courte, foireuse,
Le déploiement de la troisième
La quatrième, grave et sinueuse comme un lapin de garenne

Le tunnel la nuit du Chatelet
Noire et blanche
La fumée et le ciel se teintent de sanguine
Aragon 1915
En Vespa
Dans la bouillie des jours, tous les mêmes.

Une petite chanson pour la route – « Et soyez joyeux et confiants » Rilke

Marc

 

 

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