De l'austérité, en veux-tu ? En voilà

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Retour sur la situation en Grèce, après une courte absence estivale. Peu d’entre-nous en ont entendu parler, et encore moins savaient même que ça existait. Les Universités grecques ont le statut d’Asile académique. Plus clairement, les campus se situant en Grèce sont interdits d’accès aux services de police et à toute personne de la force publique. Grandiose, elles constituent pour l’ensemble des militants (ou pas) du pays, un abris, un retranchement, une base, ou même un QG. On comprend mieux pourquoi le site Indymedia Athènes est classé « dangereux » par les antivirus, et comment Radio 98 fm est émise illégalement sur les ondes athéniennes ainsi que sur internet. Les deux médias sont tous les deux situés au sein de l’université Polytechniques d’Athènes. A l’extérieur du périmètre autorisé, dans le cadre d’une espèce d’immunité diplomatique, ceux qui se trouvent là sont intouchables

En réalité, l’Asile académique est à l’opposé de l’immunité diplomatique. Il ne concerne pas les personnes, mais le lieu, il ne signifie pas la supériorité vis à vis de la loi mais le refuge face à la répression de l’État. La mesure existe depuis 1982, mais son origine remonte à 1973, en pleine révolution. Cette année est cruciale pour l’histoire de la Grèce. Elle représente le moment où le rapport de force a basculé en faveur du peuple, le début de la fin des colonels. Élément marquant de l’année : les chars ont pénétré dans Polytechniques écrasant et tuant des dizaines d’étudiants. Au lendemain de la victoire l’idée avait traversé les esprits, et le statut d’asile a été accordé aux universités.

Ce qui nous pousse à parler de cette particularité des campus des Hellènes, c’est qu’elle est attaquée par le gouvernement socialiste (PASOK) de Georges Papandreou. Le 25 août le parlement a voté « l’ouverture des campus à la police ». Quelques heures après, un squat situé dans l’Université d’Athènes (UoA) a été délogé suite au recours aux forces de l’ordre par le vice-chancelier de l’université. En fait, cette décision des « socialistes » n’est pas venue d’elle même, certains y voient la volonté de rallier des conservateurs (Nea Demokratia), et peut-être même l’extrême droite pour sauver ce qui reste de la crédibilité du pouvoir. Qu’est ce qu’on ferait pas pour sauver son cul !

La deuxième explication, c’est qu’une délégation de l’Union Européenne et du FMI est à Athènes pour « vérifier la bonne application par la Grèce de son plan d’austérité ». Sans être un Spécialiste de la question, on peut facilement affirmer que la gouvernement a certaines difficultés à appliquer le plan imposé, bien que la vente des concessions publiques aux entreprises étrangères fait bon train et que le port du Pirée appartient bientôt entièrement à la République populaire de Chine. Les manifestations, émeutes, attentats et autres troubles qui ont traversé le territoire hellénique depuis décembre 2008 montrent que l’Etat n’est pas dans la capacité d’arrêter la contestation. Il se contente de vendre ce qui ne lui appartient pas et frappe ceux qui se dressent sur son chemin.

En réalité l’austérité économique ne peut pas s’appliquer correctement si elle ne s’accompagne pas d’une austérité démocratique. Le vol des ressources d’un peuple est nécessairement couplé de sa soumission politique. La baisse du niveau de vie, la perte de pouvoir d’achat, l’appauvrissement de la population provoquent les révolutions. En avant vers 2012 !

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