Des caisses de Redbull, Apollinaire et Bleu pétrole

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J’adore la sensation de passer pour un vieux con. Vous vous souvenez de l’époque où la RedBull était illégale sur le territoire français ?

Souvenir d’un court voyage scolaire en Espagne, dix-sept ans peut être, après la visite de Figueras et de la maison tarée de Dali, le retour et le net souvenir de l’hystérie qui nous prit soudain tous, juste avant de passer la frontière, d’acheter à la station-service des dizaines de canettes de RedBull que nous planquâmes dans les filets des sièges, dans les Eastpacks et dans la doublure des duvets –  puis du bus roulant jusqu’à Paris au rythme des décapsulages et des rots parfumés à la taurine. Évidemment excités comme des hyènes à sautiller, la RedBull aidant, sur les rangées de sièges fatigués au grand dam des profs qui essayaient de dormir.

Pas bu de la Redbull depuis cette époque-là. Son odeur de médicament, sa couleur tout droit fuitée du réacteur numéro 4 d’une centrale atomique soviétique. La Redbull, une madeleine comme les autres. Certains chialent en écoutant Verdi, moi c’est la RedBull qui m’évoque immédiatement ce voyage en car et les années passées en cours de Latin à démonter des stylos quatre couleurs fat comme des Boeings.

C’était la remise de prix du concours de Bleu Pétrole, sympathique maison d’édition, la semaine dernière. Sur le trottoir devant le cabaret où se déroule la remise des prix, Louise balance ses hordes de cheveux barbelés en me récitant des trucs d’Apollinaire comme je voudrais que tu sois un obus boche pour me tuer d’un soudain amour tandis que Jivago, caché sous son chapeau, rigole en fouillant mes poches à la recherche d’un enième ticket boisson.

Le gars qui lit mon texte, les rires que je sens attentifs de l’assistance, la poignée de main franche du grand type blond du jury alors que je sirote au bar mon punch m’ont profondément ému, comme cette jeune fille russe aux yeux brillants qui m’accoste en vibrionnant alors que je quitte les lieux, me disant qu’elle a aimé l’ambiance du récit et le personnage de Zelda, pour Fitzgerald, non ?. Et puis le buffet, les sandwichs roulés dans le papier d’alu, engloutis en quinze secondes en devisant Kerouac avec Raphaël, la responsable interloquée viendra nous dire que la bouffe est réservée aux bénévoles. Au retour, l’immense coup de barre à mine dans les tibias, mais l’esprit infiniment heureux, le ventre ivre d’une rage joyeuse et sûre.

 

Gloire à l'Escadron Mamie des FEMEN ukrainienne

La semaine prochaine : Pourquoi pas Limonov ? Les Dragibus ?

M’écrire une missive : marc.pondruel@yahoo.fr

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3 commentaires sur “Des caisses de Redbull, Apollinaire et Bleu pétrole

  • Une Louise qui déclame un poème à Lou, voilà qui ne manque pas de piquant !
    Et d’accord sur le (moi je dis « le », c’est comme ça) Redbull (même si je suis aussi du genre à pleurer sur Verdi…), ça me rappelle toujours des souvenirs émus de voyages en Espagne il y a bientôt dix ans (bah alors les vieux, on radote ??)…

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  • belle réunion d’ancien combattant !

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  • on pourrait meme faire un livre blanc de nos voyages en Espagne… hahaha

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