St Paul, le subversif

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Rien ne vaut une balade en Europe pour découvrir à quelques kilomètres de chez soi, des villes dont on ne sait rien. C’est ainsi que nous avons découvert Hambourg. Située à 900 km au nord-est de Paris, la cité libre et hanséatique est la deuxième ville d’Allemagne. Hambourg abrite également le plus grand port germanique, classé troisième en Europe. Mais Hambourg, c’est aussi et surtout Sankt Pauli.

C’est en quittant la vieille ville en longeant l’Elbe vers l’ouest que l’on atteint la Hafenstrasse. Cette voie sur berge est le lieu historique de la lutte menée par le mouvement des squatteurs dans les années 80. Au total, 13 immeubles occupés et appropriés par des dizaines de personnes, soutenues par l’ensemble des habitants de Sankt Pauli. Pendant 10 ans, les hausebezetzer (squatteurs) ont du affronter l’État, son administration et sa police, ainsi que de nombreuses milices fascistes, persuadées que le groupe Baader-Meinhof se planquait dans leurs rangs. En 1994, la résistance a porté ses fruits et les squatteurs ont obtenu le statut de coopérative. La cité-Etat d’Hambourg leur a accordé la responsabilité des bâtiments et le droit de les rénover. Une des revendications portées par le mouvement.

Dans l’histoire, les marins d’Hambourg venaient passer leur temps libre sur la Reeperbahn. L’artère est parallèle au fleuve et crée la distinction entre un Sankt Pauli sud et un Sankt Pauli nord. Le port, dont la capitainerie s’élève à l’entrée du quartier, est la principale source de revenue des habitants. L’avenue et les rues qui la traversent sont ornées de cafés, de sexshops et de nombreux cabarets et théâtres. En s’aventurant dans les rues excentrées, on comprend que l’économie de Sankt Pauli est entièrement fondée sur les activités des marins, la prostitution est libre et l’ensemble des activités clandestines coexistent dans l’ombre.

C’est d’ailleurs l’existence d’une scène de l’ombre qui a permis aux militants de la gauche allemande de gagner à Sankt Pauli, alors qu’ils avaient échoué ailleurs. Plusieurs lieux du quartier montrent cette réussite. Un de ces témoins est le club du quartier : le FC Sankt Pauli. Encore dans les années 80, au sein des mouvements de squatteurs et des militants de gauche et d’extrême gauche d’Hambourg certains aimaient regarder le football au stade. Le Hambourg SV était (et il l’en encore aujourd’hui) le club de Bundesliga, équivalent de la Ligue 1, de la ville et les hambourgeois le soutenaient. Malgré leur bonne volonté et leur enthousiasme, les membres de la gauche allemande n’ont pu s’attarder dans les tribunes du HSV… elles pullulaient de néo-nazis. Rapidement chassés des tribunes des bleus et blancs, les Rouges sont allés se réfugier chez les Braun und Weiss, dans un stade plus petit certes mais où leurs idéaux égalitaires et libertaires n’étaient pas contrariés. C’est à partir de cette période que le stade Millerntor, aux couleurs du FC Sankt Pauli, est réellement devenu un bastion de la lutte anti-raciste et anti-fasciste en Allemagne.

Enfin, Sankt Pauli est plein d’histoire. Il suffit de tendre l’oreille : « Sankt Pauli est le premier quartier d’Hambourg à avoir résisté au Nazis. Les jeunes de l’époque s’amusaient régulièrement à intervertir les plaques des noms de rues et à échanger les identités des personnes avec de fausses identités. Lorsque la Gestapo faisait une descente pour prendre des gens, leurs ordres d’arrestations ne correspondaient plus aux noms ni aux adresses ». Amusant de voir que le même esprit de résistance subsiste encore dans les rues de Sankt Pauli. Affiches, peintures, graffitis et autocollants sont partout. Il est vrai que les murs de Sankt Pauli transmettent des messages, mais en réalité c’est l’esprit même de Sankt Pauli qui les transmet au monde.

 

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2 commentaires sur “St Paul, le subversif

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