L’ORTF en couleur

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Les commentaires sur l’intervention du Président Sarkozy abondent sur le net et dans la presse papier depuis dimanche soir. En même temps rien de très surprenant. Vu la couverture médiatique digne de l’ORTF de grand papy (pas moins de 8 chaines mises à contribution) qui lui a été concédée, il en aurait fallu beaucoup pour y échapper. Le poisson rouge préférant faire des bulles de son côté plutôt que de hurler avec les loups,  nous vous livrons notre appréciation, somme toute très personnelle mais pertinente malgré tout, sur cette performance télévisuelle. Pour commencer enfonçons quelques portes ouvertes, cela nous permettra de ménager notre épaule en vue de ce qui va suivre. Le constat est à peu près partagé par tous, N. Sarkozy est bel et bien entré en campagne présidentielle. Fin d’un semblant de suspense entretenu artificiellement. Même si il ne s’est pas officiellement déclaré notre cher président, au vu des attaques multiples lancées contre la gauche, marque son envie d’en découdre. La posture adoptée durant son intervention d’homme d’Etat à la foi courageux, d’expérience et au sens aigu du devoir de la fonction indique son envie d’amener le débat autour des thèmes de l’expérience politique et de la crédibilité. Les candidats adverses et les socialos en première ligne n’ont qu’a bien se tenir. Nicolas Sarkozy représente le courage politique des réformes impopulaires mais nécessaires, à l’image de son nouveau mentor M. Schröder, face à la démagogie et l’amateurisme des autres.

Une belle mise en scène

Au risque qu’un journaliste de passage sur notre site, nous explique de nouveau que nous avons un complexe d’infériorité vis-à-vis de cette profession, nous nous devons de faire quelques remarques quant au travail journalistique qui nous a été proposé hier soir. Il est clair que les deux présentateurs et les deux intervenants n’étaient pas vraiment là pour mettre en difficulté le président ou en tout cas, lui apporter une contradiction légitime quand celui-ci osait tout. A noter que sur les quatre, François Lenglet est peut-être le seul à s’être rappelé de son métier, n’hésitant pas à remettre en cause certaines affirmations présomptueuses du président-candidat (en exposant les différents points critiques sur la « TVA sociale », en rappelant au président que l’augmentation de la TVA avait fait monter les prix en Angleterre etc…). Mais, entre la neutralité d’un L. Delahousse dans un rôle d’animateur de talk-show plutôt que de journaliste, les instants « séduction » entre le Président de la République et C. Chazal, l’un commençant une phrase l’autre la terminant et les grimaces d’un J.-M. Sylvestre ne pouvant pas tenir son rôle de premier de la classe, l’ensemble de l’échange fut assez décevant. A tel point que le Président dut lui-même se faire contradicteur « Vous pourriez me dire pourquoi vous ne libérez pas des terrains » (au profit des collectivités)  pour pourvoir répondre à des questions un petit peu polémiques. Pourtant les grandes lignes des mesures annoncées par Nicolas Sarkozy, durant son intervention de dimanche soir, avait déjà fuité dans les médias papier ou web. Les intervenants disposaient donc d’éléments suffisants pour apporter un contradictoire légitime et pertinent au chef de l’Etat.

Ce que nous aurions voulu voir

Sur le couple Franco-allemand et la condamnation du modèle économique anglais. D’une part les journalistes présents à l’Elysée auraient pu, lorsque le chef de l’Etat nous expliquait que la réconciliation franco-Allemande était le fruit de la volonté du Général De Gaulle, rappeler au bon souvenir du président que cette réconciliation était plutôt symbolisée par François Mitterand et son homologue allemand de l’époque, le chancelier Helmut Kohl.

poisson rouge

D’autre part ils auraient pu souligner que le chef de l’Etat, dès le début de son quinquennat, avait installé un grand froid entre lui et son homologue allemande, la chancelière Angela Merkel, du fait de ses tentations atlantistes et de son admiration pour le modèle économique anglais.

Sarkozy et le modèle « anglo-Saxon » par politistution

Sur la notion de TVA sociale et les pertes de mémoire présidentielle. Le chef de l’Etat en réponse à une question de C. Chazal affirmait sans sourciller que le terme de TVA sociale n’avait « aucun sens […] vous ne m’avez jamais entendu le prononcer ». Il aurait été judicieux de signaler au président, par soucis de prévention médicale, une inquiétante perte de mémoire étant donné que devant les parlementaires de sa majorité en 2007, celui-ci leur expliquait que « si la TVA sociale contribue à freiner les délocalisations, si elle est bonne pour l’emploi, si elle est bonne pour la croissance, si elle ne pénalise pas le pouvoir d’achat, alors nous ferons la TVA sociale »

Sur la taxe Tobin. Nouvelle mesure pour pousser à la limitation de la spéculation financière, le chef de l’Etat veut, en fixant cette taxe de manière unilatérale, impulser un mouvement de réflexion au niveau européen sur une nécessaire régulation du monde de la finance. Intention louable dira-t-on. Mais voilà, Nicolas Sarkozy n’a pas toujours été de cet avis, surtout quand l’idée de taxe Tobin était portée par la gauche puisqu’il considérait que « l’affaire de la taxe Tobin, est une absurdité »

Sur le fond, on aurait aimé entendre autre chose qu’un débat au final très cadré. Sur la mesure qui concerne la lutte contre la hausse du coût du logement par exemple et qui prévoit de rehausser sur tout type de terrain les droits de construction de 30%, pour favoriser une augmentation du parc immobilier et faire baisser par conséquence le prix du foncier, à la location comme à l’achat. Cette mesure timide mais qui est considérée par le chef de l’Etat « extraordinairement forte» pourrait bien avoir l’effet inverse escompté. En effet, pour tous les terrains et immeubles qui ne sont pas encore vendus, l’augmentation des droits de construction risque, de manière mathématique, de faire augmenter le prix de vente étant donné que le bien en jeu verra sa valeur ajoutée augmenter. En bref, ce remède risque d’être pire que le mal qu’il tente de soigner, contribuant ainsi à la spéculation immobilière. Et quand le chef de l’Etat affirme que l’encadrement des prix du marché « n’a marché nul part, même à l’époque de l’Union Soviétique » il aurait été judicieux de lui indiquer que chez nos voisins allemands, modèle parmi  les modèles, il existe le système de « miroir des loyers » qui permet aux collectivités de fixer un prix du loyer maximum sur une moyenne par quartier. Plus globalement il existe bien d’autres possibilités pour enrayer la montée des prix du logement et la baisse du chômage par la même occasion. Faciliter la construction de logements en vendant aux collectivités territoriales et aux bailleurs privés et sociaux, des terrains inutilisés appartenant à l’Etat, non pas aux prix du marché (dans un but spéculatif) mais à un prix inférieur. Et quand le chef de l’Etat explique que vendre des terrains du domaine public de l’Etat est une opération lourde, on aurait pu lui rappeler que depuis une dizaine d’année, ces procédures ont été largement allégées justement dans un but de flexibilité. On pourrait objecter enfin, que les personnes publiques possèdent une batterie de  mécanismes juridiques pour permettre le construction d’ouvrages publics sans avoir à vendre de terrain comme les baux emphytéotique administratif (BEA) et leurs dérivés. Et pour aller plus loin on conseillera même de lire le rapport de la fondation Abbé Pierre qui apporte son lot de propositions pour régler le problème du logement en France.

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