Hier soir, le journal télévisé de France 2 nous proposait un sujet pour le moins édifiant sur des Français cherchant à s’exiler en Belgique, paradis fiscal pour les rentiers (alors que le travail y est imposé au plus fort taux d’Europe, cherchez l’erreur) : entre l’héritière du groupe Carrefour qui s’offusque de devoir défendre son argent gagné  (par héritage, on le rappelle, hein !) et l’ex chef d’entreprise qui tente de justifier maladroitement son exil fiscal, c’était une belle brochette de vainqueurs qui nous était donnée à voir.

D’après le reportage, c’est près de 2000 personnes qui auraient ainsi quitté la France pour la Belgique ces derniers mois, dans le seul objectif de ne pas payer plus d’impôts. J’avais lu plusieurs fois des témoignages assez hallucinants sur les réactions des bourgeois, petits ou grands, à la victoire de François Mitterrand, et notamment des histoires de familles quittant tout simplement la France, par peur du grand méchant socialiiiiiisme, mais j’avoue que jusqu’à hier soir, j’étais assez dubitatif. Encore naïf, j’avais du mal à croire que ces gens puissent être à ce point conformes à leurs caricatures.

Ces émigrés, la droite aime à nous les présenter comme une source de richesse pour la France qui s’envole ou comme des talents qui disparaissent. Evidemment, ça ne tient pas longtemps devant une analyse même succinte de leurs profils. Présenter une héritière de Carrefour comme un talent et un espoir pour la France, je pense que ça ne fait pas marrer que moi.

Loi sur l’or et l’argent des émigrés, septembre 1791

Non, ces émigrés, ces girouettes dont la seul crainte qu’on touche un peu à leur porte-monnaie suffit à les faire fuir, ne sont ni des talents, ni des chances perdues pour la France. En d’autres temps, on les aurait qualifiés de traîtres à leur patrie, et on aurait bien eu raison. En d’autres temps, on leur aurait confisqué leur capital, et on se serait appropriés leurs biens sis sur le territoire national. En d’autres temps, on les aurait même condamnés à mort.

Heureusement pour eux, les temps ont un peu changé depuis la Révolution Française, et la peine de mort a été abolie (même s’ils n’étaient probablement ravis au moment où ça s’est fait). Mais qu’ils soient bien conscients que ce qui a pu se faire en d’autre temps est toujours faisable. En attendant, qu’ils partent ! Et surtout, surtout, qu’ils restent là où ils sont et qu’ils nous laissent vivre en paix, ça nous fera des vacances !