Dessous de campagne

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Un document contenant les confessions de l’ancien médecin de Ziad Takkiedine et mis à jour dans son intégralité par l’équipe de Médiapart, dévoile sans ambiguïté que l’ancien dictateur libyen, Mouamar Kadhafi, a financé la campagne de N.Sarkozy pour l’élection présidentielle de 2007.

Le volet financier de l’affaire Karachi n’a décidemment pas fini de révéler son lot d’informations explosives. Mois après mois  les juges d’instruction  Renaud Van Ruymbecke et Roger Le Loire, en charge depuis 2010 d’enquêter sur des marchés d’armement  entre la France, l’Arabie Saoudite et le Pakistan, semblent percer à jour des opérations financières obscures qui seraient liées au clan Sarkozy. Relancée par le juge anti-terroriste Marc Trévidic (voir l’article « l’affaire Karachi pour les nuls ») en 2009, l’affaire Karachi a conduit les juges d’instruction à s’interroger sur la licéité du financement de la campagne présidentielle de 1995 d’Edouard Balladur et sur l’existence de rétro-commissions. Depuis 2010, plusieurs proches du président de la République (alors ministre du budget en 1995 et porte-parole d’Edouard Balladur durant la campagne de cette même année) ont été mis en examen comme entre autre Thierry Gaubert, ancien collaborateur au ministère du budget, Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d’E. Balladur et ami de N.Sarkozy et Renaud Donnedieu de Vabres, ancien conseiller spécial de François Léotard alors ministre de la défense dans le gouvernement Balladur.

Il faut ajouter à cette liste le nom de Ziad Takkiedine. Mis en examen le 14 décembre dernier pour « complicité et recel d’abus de biens sociaux », il serait l’un des acteurs clés du système financier parallèle  lié au clan Sarkozy. Marchand d’arme de renom, Mr. Takieddine aurait été d’une part l’un des intermédiaires entre la France, l’Arabie Saoudite et le Pakistan pour les deux marchés d’armement « Agosta » et « Sarawi 2 » et serait d’autre part au centre du circuit financier de rétro-commission (lié aux deux contrats d’armement précités) qui aurait financé en grande partie la campagne d’Edouard Balladur de 1995. Alors que Robert Bourgi expliquait au Journal du Dimanche le 11 septembre 2011 que la valse des valises entre la France et certains dignitaires africains s’était terminée en 2005, il semblerait que Ziad Takkiedine lui, ait continué son rôle d’intermédiaire obscur en financement de campagne présidentielle jusqu’en 2007.

L’affaire Kadhafi

Le 18 octobre 2011, les enquêteurs de police versent au dossier d’instruction le titre d’une note de synthèse «  GEN/ NS V. MEMO DG ». L’équipe de Médiapart a réussi à se procurer l’intégralité du mémo, publié le 12 mars dans l’article intitulé « Présidentielle 2007: Kadhafi aurait financé Sarkozy ». Ci-dessous la note publiée par Médiapart mot pour mot.

MEMO DG
SUISSE
20.12.2006

CAMP07
MODALITES FIN CAMPAGNE NS REGLEES LORS DE LA VISITE LIBYE NS + BH 06.10.2005
PLUSIEURS ENTRETIENS PREALABLES ENTRE ZT ET SAIF AL ISLAM
ZT CHARGE DU MONTAGE
ZT INTERV CONTRATS COMM SEC ARMEES ET CARTES ID A PUCES

FIN LIB 50 ME
MONTAGE INCLUT SOC BH PAN + BANQUE SUISSE (ND)
FIN CAMPAGNE TOTALEMENT REGLE

 

Ce document est le résumé des confessions de Didier Grosskopf (DG), ancien médecin personnel de ZIad Takieddine de 2004 à 2006 et ami de Jean-François Copé. Elles ont été recueillies par Jean-Charles Brisard, ancien membre de l’équipe de campagne d’Edouard Balladur en 1995  reconverti dans le renseignement privé. Cet échange entre ces deux personnages s’est produit le 20 décembre 2006 dans la ville de Lausanne, en Suisse, alors que Didier Grosskopf se trouvait embourbé dans des démêlés judiciaires avec son ancien patient.

Mr Grosskopf était rentré en contact pour la première fois avec Mr Takieddine en 2004 lorsque, sur demande exprès de J.F Copé, il s’était chargé d’organiser le rapatriement du vendeur d’armes suite à un accident. Durant deux ans, D.Grosskopf va accompagner Z.Takkiedine dans ses différents périples. C’est à ces occasions qu’il aurait été informé des liens particuliers qui uniraient N.Sarkozy à l’ancien dictateur libyen. Selon le mémo qui débute par l’intitulé « campagne de 2007 », « les modalités de financement de la campagne de N.S ont été réglées lors de la visite en Libye de N.S et B.H le 06/11/2005 […] Financement de la Libye 50 millions d’euros […] financement de campagne totalement réglé ». Pour rappel, Nicolas Sarkozy alors ministre de l’intérieur s’était bien rendu en Libye avec Brice Hortefeux en octobre 2005, pour parler immigration avec le guide libyen. Selon l’entourage de l’ancien ministre, le courant entre les deux hommes d’Etat était « plutôt bien passé » (Le Figaro), il faut croire que c’était vraiment le cas.

Le mémo parle aussi « d’entretiens préalables entre ZT et Saïf al Islam (fils de M.Kadhafi) […] ZT intervenant dans les contrats de sécurisation des communications des armées et  de cartes d’identité à puces ». Ce passage concorde avec le contrat signé en 2007 par la société Amesys, filiale de la société française BULL, et le régime libyen. Cet accord portait sur l’installation en Libye par la société Amesys d’un système de surveillance du net et de la vente du fameux 4×4 blindé « shadow ». Monsieur Takieddine avait joué le rôle d’intermédiaire avec la bénédiction de Claude Guéant, alors directeur de cabinet d N.Sarkozy au ministère de l’intérieur.

Cette nouvelle information révélée par le site Médiapart, si elle s’avère exact, permet de comprendre rétrospectivement deux interrogations liées au régime libyen. D’une part le soudain retour en sainteté qu’a connu le colonel Kadhafi après l’élection de l’actuel président de la république en 2007, allant jusqu’à poser sa tente dans le parc de l’Hôtel Marigny. Et d’autre part cette déclaration qu’avait tenue le fils du dictateur, Saïf Al Islam, quelques jours avant l’intervention militaire occidentale et qui dans le contexte de quasi-hystérie au sujet de la crise libyenne, n’avait pas attiré l’attention : «  Il faut que Sarkozy rende l’argent qu’il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale. C’est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la preuve ». (à partir 1:38)

50 millions d’euros. Ce serait donc le montant de la contribution du Colonel Kadhafi à N.Sarkozy pour sa campagne de 2007. Cela expliquerait les meetings somptueux que nous offre l’UMP depuis cinq ans. Plus largement cette nouvelle information vient conforter l’idée que les juges d’instruction en charge du volet financier de l’affaire Karachi ne sont pas au bout de leur surprise. Quant aux questions sur les systèmes parallèles de financement du clan Sarkozy, elles sont loin d’être réglées (cf affaire Karachi, Affaire Woerth Bettencourt etc…).

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3 commentaires sur “Dessous de campagne

  • Faits connus depuis des lustres, ressortis dans le grand bal à ordures de la compagne présidentielle ; c’est pas beau de reprendre la presse bourgeoise.

    Il serait un peu plus intéressant et d’actualité, enfin disons moins en retard, de parler de ces mouvement révolutionnaires « démocrates » au Moyen-Orient et notamment de la révélation qu’avait fait le Canard Enchainé sur le fait que le gouvernement Français avait déjà négocié ses futures parts d’or noir auprès du gouvernement Lybien de transition avant même la fin du conflit, comme sur les entorses à la résolution de l’Onu de la part des pays occidentaux en matière de bombardements et d’armement des « insurgés ».

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  • ça aurait été bon de nous sortir l’info alors. après j’aimerais avoir tes sources, vu que l’info est sortie il y a deux jours. pour ta proposition d’analyse, envoie nous un article !

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  • Je ne vais pas refarfouiler pendant des heures sur la toile mais à l’époque des déclarations du fils Kadhaf’ des dossiers étaient bel et bien sortis validant ses dires.

    Sinon vu que je ne suis pas partisan de l’antifachisme actuel, je ne vais pas commencer à écrire pour vous. Mes éventuels articles ne seraient d’ailleurs pas publiés. Par contre pour avoir des pistes sur ces histoires de « révolutions arabes » et particulièrement Lybiennes et Syriennes, les deux plus frontales, voir du côté du site Realpolitik. Ce sont de méchants droitards, probablement même fachistes, mais le fait est que ses rédateurs ont une sérieuse assise intelletuelle sur les sujets qu’ils abordent et que leurs exposés sont bien plus factuels qu’idéologiques.

    Sur le sujet il y a ces articles :
    http://www.realpolitik.tv/2011/09/les-faux-calculs-de-l%E2%80%99ingerence/
    http://www.realpolitik.tv/2012/02/libye-un-an-plus-tard-point-de-situation-le-18-fevrier-2012/
    http://www.realpolitik.tv/2012/02/de-racak-a-homs/

    Et probablement quelques autres.

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