Réagissant à la proposition de François Hollande d’ajouter une nouvelle tranche d’impôt sur le revenu à 75% à partir de 1 million d’euros , Charles Gave, avec toute la subtilité et la finesse qui caractérise les rédacteurs d’Atlantico, hurle à la spoliation, au vol, à l’esclavage, au nazisme ! Il est jubilatoire d’observer comment les riches s’accrochent à leurs deniers, et de les entrendre s’étrangler à la simple idée de devoir contribuer un peu à la solidarité nationale. Mais c’est vrai qu’on les comprend un peu : aujourd’hui, avec 250 000 euros, on n’a plus rien !

Ce qui est par ailleurs intéressant dans cet article, c’est la justification qu’apporte Charles Gave aux indécentes rémunérations des patrons : la prise de risque. C’est une obsession chez lui, puisqu’il utilise le mot pas moins de huit fois dans son interview… à moins qu’il ne s’agisse là que d’une simple manifestation du manque de vocabulaire des libéraux ?

Un millionaire en devenir…

Quoiqu’il en soit, le syllogisme selon lequel il faut mieux rémunérer la prise de risque est une aberration totale, qu’il convient de démonter. En premier lieu parce qu’il ne faut pas confondre la prise de risque, l’investissement, l’entrepreunariat et la création de richesse, notions totalement différentes même si Charles Gave les mélange allégrement : un investissement risqué n’est pas forcément créateur de richesse, alors qu’un investissement sûr peut se révéler très efficace.

Surtout, il me semble qu’on peut voir là une des raisons pour lesquelles le capitalisme est un système économique aberrant. En faisant miroiter des profits énormes, et malgré une espérance de gain en réalité à peu près constante, il encourage les comportements les plus risqués, et souvent les plus dangereux pour la société, d’autant plus que si l’on connaît les gains en cas de réussite, on oublie le plus souvent de prendre en compte les pertes en cas d’échec, et notamment le coût social que des fiascos.

Il est donc temps de rétablir un peu de rationalité dans le système. Et même un peu d’égalité parmi les gens qui ne connaissent pas l’aversion au risque : les pauvres sont imposés par le Loto, alors pourquoi ne pas faire pareil pour les riches avec un petit taux confiscatoire sur leurs revenus ?