2010 sera la décennie de l’austérité

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Par le Fossoyeur.

Alors que la crise économique ne parait épargner aucun état européen, les mesures d’austérité sont devenues la norme. Quelles sont-elles ? Décryptage des mesures d’austérité.
En Grèce les mesures imposées par la « Troika » (BCE, UE et FMI)  pour le versement d’un second plan d’aide d’un montant de 130 milliards d’euros paraissent mener le pays droit vers une guerre civile.

poisson rouge

Avec une baisse de 22 % du salaire minimum (ramené à 586 euros brut sur 14 mois) et de 10 % supplémentaire pour les moins de 25 ans, soit une baisse totale de 32 %, les conséquences sociales se font dense et déjà sentir et ce particulièrement chez les jeunes.
La république hellénique a du réaliser  2,6 milliards d’euros d’économies pour bénéficier du second plan d’aide du FMI et de la BCE, ces réductions de dépenses dictée par les créanciers publics se feront à hauteur d’un milliard d’euros dans le secteur de la santé, de 300 millions d’euros pour la défense et de 400 millions d’euros pour le budget alloué aux investissements publics.
Alors que le taux de chômage est passé à 20,9 % en novembre 2011 contre 18,2 % en octobre selon le service des statistiques ELSTAT, c’est le peuple Grec qui subit au quotidien les conséquences de la crise et de l’austérité.

Les banques, fonds d’investissement et caisses d’assurance négocient un accord sur une décote de 50 % de la valeur nominale des obligations qu’ils détiennent, ces dernières apparaissent dans l’opinion du peuple Grec comme les responsables directs de la crise. Malgré l’effacement de la moitié de la dette souveraine détenue par ses créanciers privés, le monde de la finance est perçu par beaucoup comme le « pompier pyromane de la crise Grecque ».

A titre d’exemple, le groupe BNP-Paribas dirigé par Jean-Laurent Bonnafé, fortement exposé à la dette souveraine grecque comme il l’était d’ailleurs en 2008 lors de la crise des sub-primes a enregistré 3.454 millions d’euros de perte suite à cet accord sur ses investissements en dette souveraine. Rassurez vous BNP-Paribas a tout de même enregistré un résultat net de 6 milliards d’euros pour 2011 (en recul de 23 % par rapport à 2011). Monsieur Bonnafé, le directeur du groupe affirme que la banque a plutôt bien résisté à la crise. Tant mieux pour les actionnaires.  Le moins que l’on puisse dire c’est que les conditions sociales en Grèce n’ont quant à elles pas bien résistées à la crise.
Avec la baisse de 22 % des salaires (32 % pour les moins de 25 ans), une hausse des prix à la consommation sans précédent, un chômage galopant, la jeunesse grecque parait sans avenir et de plus en plus de jeunes pensent à quitter le pays pour l’Australie, la France ou les Etats-unis. Cet accord avec les créanciers privés vise à ramener la dette souveraine à 120 % du PIB contre 160 % actuellement. A titre de comparaison, la France est endetté à hauteur de 85 % de son PIB, l’Italie à hauteur de 120 % (cf. tableau ci-dessous).

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Niveau des dettes en pourcentage du PIB des pays de la zone euro (source : Commission européenne)

En Espagne, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a voté le 10 février dernier, sa réforme du travail. Alors que le principal pays de la péninsule ibérique enregistre un taux de chômage de 22,85 % de sa population active, soit plus de 5 millions de personnes, cette réforme consiste notamment en une baisse du coût des indemnités de licenciement, pour atteindre 20 jours par année travaillée contre 45 jours actuellement soit plus de 50 % de réduction. Cette réforme fut aussitôt saluée par la Chancelière allemande Angela Merkel. Selon le gouvernement Rajoy cette réforme a pour but de lutter contre le chômage, qui touche rappelons-le 48,6 % des moins de 25 ans.
Faciliter les licenciements afin de lutter contre le chômage et attribuer un cadeau fiscal de 3000 euros aux entreprises pour la première embauche d’un actif de moins de 30 ans. Cherchez l’erreur… Le marché du travail était considéré comme trop rigide par l’UE, le FMI et la banque centrale espagnole.

En Italie, même combat, c’est l’eurocrate Mario Monti, ancien commissaire européen au Marché intérieur et aux Services financiers puis à la Concurrence (1994-2004) qui remplace Silvio Berlusconi au poste de premier ministre lors de la démission de ce dernier le 12 novembre 2012.
Le gouvernement de Mario Monti en Italie adopte le 4 décembre 2011 un nouveau plan d’austérité. Ce dernier prévoit une hausse de la TVA de 20 à 21 %, des introductions de péages pour certaines liaisons autoroutières sont mises en place, des augmentations des impôts locaux, un gel sur 3 ans du salaire des fonctionnaires mais également des réductions de subvention aux collectivités locales.
À partir du 1er janvier 2013, l’âge de la retraite pour les fonctionnaires féminines est porté à 65 ans. D’autres augmentations de l’âge de la retraite sont prévues à partir de janvier 2015. Dans le secteur privé, les mesures principales sont une augmentation de l‘âge du départ à la retraite pour les femmes de 60 ans à 65 ans et ce dès 2014.  Une série de privatisations est également prévue, les collectivités locales devront  ouvrir les services publics locaux comme l’énergie, les transports, l’eau, et le traitement des déchets à la concurrence et réduire leur participation dans les sociétés gérant ces services. L’État  devra également vendre une grande partie de ses possessions immobilières.
En mai, le Portugal s’était engagé auprès de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) à mettre en place un plan d’austérité et de réformes en échange d’une aide financière de 78 milliards d’euros sur trois ans.

En Grèce, en Espagne, en Italie, comme au Portugal ou en Irlande, c’est la « Troika » qui parait gouverner. C’est l’UE, le FMI et la BCE qui font et défont les gouvernements comme se fut le cas en Grèce, lors de la démission de Georges Papandreou le 9 novembre 2011 de son poste de Premier ministre, pour être remplacé ensuite par Lucas Papademos, ancien vice-gouverneur de la Banque Centrale européenne. Ce fut également le cas en Italie lors de la démission de Berlusconi qui vit lui succédé l’eurocrate Mario Monti. Partout la « Troika » impose l’austérité en échange d’un plan de sauvetage. Les états ne sont plus souverains.
En soit, cette perte de souveraineté des états face aux organismes internationaux, banque mondiale et FMI ne constitue pas un phénomène nouveau. Cette situation est comparable à la crise que connu l’Argentine en 2001 lorsque le peso fut dévalué de moitié, et que les avoirs placés dans les banques furent gelés afin d’endiguer la fuite des capitaux. Cinq présidents se succédèrent en un mois. Avant cette crise, l’Argentine était considéré comme le meilleur élève du FMI…
Seulement les privatisations, les mesures d’austérité imposées par le FMI ne concernaient pas jusqu’alors les pays Européens, cela ne choquait personne que des pays considérés comme sous-développés perdent leur souveraineté face aux organismes internationaux de régulation économique. Aujourd’hui en Europe comme dans les pays Latino-Américains ou Africains, c’est le FMI qui dicte la politique économique et sociale à mener.

En achetant de la dette souveraine, les marchés financiers ont acheté les pays européens et leurs gouvernements. En s’endettant auprès des marchés financiers, les pays européens ont vendu leur souveraineté.

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2 commentaires sur “2010 sera la décennie de l’austérité

  • Super article !

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