Le fabuleux destin de Boubacar Traoré

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Février 2012, Festival sur le Niger à Ségou, au Mali, les spectateurs du centre culturel Kôré sont à bloc. L’ambiance est festive et l’assemblée d’enfants semble attendre avec impatience la star du reggae malien, Ismaël Wonder. Pourtant, l’homme dont l’apparition sur scène déclenche des trombes d’applaudissements n’est pas ce dernier, mais un vieil homme vêtu d’une casquette et d’une chemise bleue, guitare en bandoulière : Boubacar Traoré. Son blues résonne dans la cour du centre Kôré et électrise la foule, même les enfants.
poisson rouge
Né dans le milieu des années 1940 à Kayes dans l’Ouest du pays sur les bords du fleuve Sénégal, Boubacar Traoré est une vedette du Mali de l’indépendance. Kar Kar, « le dribbleur » en Bambara, surnom qu’il doit à son talent de footballeur, est au début des années 1960 un jeune tailleur passionné de musique qui apprend la guitare avec son frère. Avec son collectif de musiciens, Pionniers Jazz, il se produit notamment au mythique Buffet de la gare de Bamako, lieu de résidence du Super Rail Band, orchestre malien qui a compté dans ses membres Salif Keïta et Mory Kante. S’intéresser à la vie de Boubacar Traoré c’est plonger dans le Mali des années 1960, du blues et de l’enthousiasme de l’aube des indépendances africaines. En 1963, le tube Mali Twist de Kar Kar squatte les ondes de la radio nationale et célèbre l’indépendance malienne. Boubacar Traoré, surnommé Blouson noir, est considéré comme le Chuck Berry malien. Son succès ouvre la voie à une foule d’artistes.
Poisson Rouge
Pourtant, son destin prend une autre route en 1968 à l’arrivée au pouvoir de Moussa Traoré dont la dictature militaire ne prendra fin qu’en 1991. Kar Kar quitte Bamako, rentre à Kayes où il tient un petit commerce et se fait oublier du public. Ceux qui le croyaient mort hallucinent de le découvrir invité à la télé malienne en 1987 ! Ce jour ne marque pourtant pas le retour de Kar Kar qui, à la mort de l’amour de sa vie, Pierrette, s’exile en France et gagne sa vie sur les chantiers. Inconsolable, il continue à chanter son blues dans les foyers d’immigrés de la région parisienne.
Un producteur britannique tombe alors sur un vieil enregistrement de Boubacar Traoré et part à sa recherche en France. De cette rencontre naît l’album Mariama en 1990. Dorénavant installé dans une concession de Bamako avec ses enfants, celui que le bluesman Ali Farka Touré appelait « grand frère » continue à enregistrer des albums. Le réalisateur Jacques Sarasin lui consacre en 2001 un film, Je chanterai pour toi, titre d’une chanson dédiée à Pierrette. Comme une énième renaissance, le phénix du blues malien entame aujourd’hui, vendredi 16 mars, une tournée en France.

Boubacar Traoré en concert
Jeudi 29 mars 2012 à 20h
La Cigale, Paris.

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