Austérité égal récession

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Le Fossoyeur

Valérie Pécresse, ministre du Budget et Porte-parole du gouvernement français, déclarait mardi 11 avril 2012 lors de son compte-rendu du Conseil des ministres, que « les craintes qui s’expriment aujourd’hui sur la santé économique de l’Espagne sont excessives ».

Cette déclaration s’inscrit dans une volonté affichée du couple franco-allemand d’apaiser les tensions sur les marchés, provoquées par la situation de l’économie espagnole. Cette crise de confiance paraissait atteindre un nouveau cap mardi 10 avril, alors que la bourse de Paris clôturait la séance avec 3% de baisse, et que les obligations d’État espagnoles atteignaient un taux d’intérêt à 10 ans fixé à 5,88% (à titre de comparaison les obligations d’état françaises à 10 ans atteignaient un taux d’intérêt de 3,12% en janvier 2012).

Notre ministre du Budget se faisait l’écho des déclarations du Porte-parole du ministère des Finances allemand : « nous pensons que le gouvernement de Mariano Rajoy est en train de mener une politique de réformes structurelles courageuses, nécessaires, qui est de nature à améliorer la croissance potentielle de l’Espagne et à provoquer le redressement espagnol ».

Avec sa réforme du travail qui consiste à diviser le coût des licenciements par deux afin de lutter contre la progression du chômage (cf. article Mars 2012 : 2010 sera la décennie de l’austérité), une politique d’austérité sans précédent qui affecte l’ensemble des secteurs publics (Education, Santé…), le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy paraît avoir gagné la confiance des « poids lourds » de la zone euro, à savoir le couple franco-allemand, pas celle des marchés financiers.

En partant du principe que les acteurs présents sur les marchés financiers ont pour objectif principal la rémunération du capital et le profit, nous pouvons nous demander pourquoi les marchés financiers  ne réagissent pas de manière positive malgré les mesures d’austérité mises en place par le gouvernement Rajoy.

Réponse de notre chère ministre du Budget Valérie Pécresse : « les inquiétudes vis-à-vis de l’Espagne viennent essentiellement du fait que celle-ci n’avait pas pu tenir son objectif de réduction de ses déficits publics à 6% du PIB en 2011 ». Cette crise de confiance devait être, pour les Français, en pleine période d’élection présidentielle, une « preuve supplémentaire » de la nécessité de tenir les engagements de réduction des déficits. « Le redressement des finances publiques est une condition première du retour de la croissance » (le figaro 11/04/2012).

Les marchés auraient-ils compris que les politiques d’austérité ne sont pas la solution à la crise et que les politiques procycliques peuvent aggraver la récession ? Que seules des mesures contracycliques comme celles préconisées par le Rapport Stiglitz (Prix Nobel d’économie) sont en mesure d’enrayer la crise actuelle ?

Les mesures d’austérité – qui consistent en une baisse des dépenses publiques – peuvent avoir un effet néfaste sur l’économie car celles-ci ont pour effet de ponctionner les revenus disponibles à la consommation. Lorsque les ménages doivent allouer des dépenses plus importantes dans l’éducation ou la santé ou que ces derniers n’ont que peu de confiance quant à l’avenir (ce qui a pour conséquence d’augmenter le taux d’épargne), c’est la part totale des revenus disponibles à la consommation finale qui diminue, donc la croissance, donc la création d’emploi…

Ces mesures d’austérité sont donc contre-productives car elles ne sont pas en mesure de relancer la croissance, pire ces dernières pourraient même aggraver la récession.

« Les pays en développement qui ont eu accès aux financements du FMI ont été contraints par les institutions financières internationales d’adopter des politiques restrictives en temps de croissance lente ou même de récession. Ces politiques procycliques sont contre-productives, puisque l’un des objectifs de l’aide devrait être de permettre aux pays en développement de stabiliser leurs économies. Mais, dans la crise mondiale actuelle, les pays qui sont forcés de mettre en œuvre ces politiques ne sont pas les seuls à en souffrir ; toute l’économie mondiale en souffre. Les ripostes internationales aux crises exigent que tous les pays engagent des politiques d’expansion » « Les pays qui ont adopté des politiques procycliques risquent d’avoir à payer des primes de risque plus élevées car les acteurs du marchés savent qu’ils vont subir une récession plus grave et plus longue que si on les avait laissés suivre des politiques contracycliques » (Cf. Le rapport Stiglitz p.60).

Les propos du rapport Stiglitz relevés ci-dessus corroborent avec la situation actuelle traversée par l’Espagne. Les mesures mises en œuvre afin de lutter contre la crise ont été clairement procycliques, les taux d’intérêts sur les obligations d’état à 10 ans frôlent les 6%…

Nos dirigeants croient donc « dur comme fer » en la rigueur et en l’austérité, ce qui n’est  pas le cas des marchés. Les marchés auraient-ils compris que seule une politique commune de relance serait à même de donner une réponse efficace à la crise ?

Au lendemain de la crise de 1929, la politique interventionniste – incarnée par le New-Deal (mesure contracyclique par excellence) – mise  en place aux Etats-Unis par le président Roosevelt afin de lutter contre les effets de la grande dépression, n’a-t-il pas permis de relancer l’économie américaine ?

Les gouvernements européens n’ont donc pas pris en compte les politiques de relance préconisées  par le rapport Stiglitz et continuent à appliquer coûte que coûte des mesures néolibérales dévastatrices, celles-là même qui ont provoquées la crise…

Pourtant ce rapport rédigé par une commission d’experts en économie parmi les plus émérites du monde, et réunie par les Nations Unies se veut une réponse à la crise actuelle.

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