P comme… Pigeon

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Hier a eu lieu l’énième revirement du gouvernement de Jean-Marc Ayrault depuis le début du quinquennat. Le projet d’aligner le barème d’imposition des plus-values reçues par des ventes d’actifs (actions etc.) sur celui des revenus du travail n’a pas fait long feu face à la protestation des pigeons. Pas les oiseaux un peu débiles qui envahissent nos riantes cités, non, le lobby des « entrepreneurs du web ».

En même temps, on le comprend le gouvernement. Ces pigeons sont quand même des personnes indispensables au bon fonctionnement de l’économie française. Ce sont eux qui créent les richesses et les emplois qui vont nous permettre à tous de sortir glorieusement de la crise. Ahah, non, je déconne. Le métier des pigeons consiste en fait pour l’essentiel à créer des mini-structures qu’il s’agit de faire buzzer en surfant de bulle spéculative en bulle spéculative pour les revendre le plus vite possible, avec un beau chèque à la clé, à de gros fonds d’investissement qui ne savent en général pas quoi foutre des économies de retraités américains qu’ils amassent depuis des décennies. Des humanistes, quoi, quand même plus proche du vautour que du pigeon.

Pigeon

Il faut souligner d’ailleurs que la branche a attiré pas mal de monde à une époque. Mais si le magot était attirant, ceux qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu se comptent sur les doigts d’une main. Mécanique spéculative oblige, la plupart des petits « entrepreneurs du web » se sont fait bouffer par les gros. Pour filer une métaphore qui devient un peu longue, tous les pigeons ont sauté du nid, mais la plupart se sont quand même cassés la gueule bien vite, sans jamais avoir eu l’occasion de voler de leurs propres ailes.

L’exemple parfait de ce que je viens de vous décrire, c’est celui qui est devenu de fait le porte-parole des pigeons. Un certain Pierre Kosciusko-Morizet, frère de, mais surtout connu pour avoir créé le site de vente en ligne Priceminister. Dix ans après avoir monté son site, il le revend à une firme japonaise (patriote, avec ça…) en empochant au passage 200 millions d’euros. On est loin du petit entrepreneur spolié par l’État, là.

Vautour (ne pas confondre)

Comble de chance, nos faux pigeons mais vrais vautours ont reçu un appui rapide (outre celui d’une agence de presse sarkozyste) d’alliés un peu inattendus : les auto-entrepreneurs, aka les trve pigeons. Mais si, vous savez, ces victimes du sarkozysme croyant dur comme fer dans le « travailler plus pour gagner plus ». Ces gens dont plus de la moitié ne réalisent en fait aucun chiffre d’affaire, qui sont pour la plupart des salariés déguisés permettant aux patrons (probablement des potes de nos pigeons, par ailleurs) de payer encore un peu moins de ces charges qui décidément ne doivent pas vraiment les asphyxier. Bref, cette armée des croyants du néolibéralisme, qui prend peur dès qu’on prononce le mot impôt. Une bien belle alliance…

Quand on observe qu’une poignée de patrons véreux réussit à faire plier le gouvernement au moment même où plus de 50 000 manifestants sont purement et simplement ignorés, on comprend rapidement que dans l’histoire, les plus gros pigeons ne sont pas ceux que l’on croit. En même temps, croire que le mot d’ordre de campagne de Hollande de faire payer autant le capital que le travail serait appliqué et qu’un gouvernement socialiste saurait résister plus de deux jours face à l’organisation et la force de frappe néolibérale, c’était quand même être sacrément naïf.

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