Partouche pas au grisbi !

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Deux petites années. C’est le temps qu’il aura fallu pour qu’un premier scandale lié aux paris sportifs éclate dans notre riante République. Un joli scandale en plus, avec tous les ingrédients nécessaires à un bon feuilleton médiatique : une star nationale à la réputation immaculée, une famille menacée, un sous-scandale journalistique… Avec en plus une petite coquetterie à la française, puisque contrairement à nos voisins (un peu vulgaires pour tout vous dire) qui préfèrent toujours mettre le foot en avant, nous on fait ça avec le handball, ce qui est nettement plus distingué, vous l’avouerez.

Petit retour en arrière. Année 2010. En pleine crise financière, économique et sociale, le gouvernement Sarkozy met en place une réforme urgente et nécessaire : la légalisation des paris sportifs et du jeu en ligne. Pas urgente ni nécessaire pour le tout-venant, non, vous imaginez bien. Mais urgente et nécessaire pour le Capital, c’est certain. Imaginez un peu : un marché ultra juteux à portée de main, mais interdit d’accès pour des raisons morales et éthiques… Inadmissible ! Il fallait effectivement agir, et vite !

J’ai connu une polonaise qui pariait au petit-déjeuner

Tout a fonctionné comme prévu d’ailleurs. Le marché a explosé en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « banco » : 2 milliards d’euros misés dans les casinos en ligne rien qu’au premier trimestre de l’année 2011 ! Les paris sportifs font même petit bras là-dessus, avec « seulement » 150 millions d’euro misés. Les grands gagnants de la manoeuvre ? Quelques nouvelles têtes, comme Betclic, à l’époque sponsor de l’OL, dont l’actionnaire principal est Stéphane Courbit, ancien président d’Endemol (un véritable humaniste, quoi), fiscalement domiciliée à Malte (un paradis fiscal, ça alors !). Mais surtout les historiques du jeu en France, aux premières loges desquels les casinos Partouche et Barrière.

Les casinos Barrière, parlons-en ! Au moment où l’affaire Karabatic était rendue publique, on apprenait qu’au moment où la loi légalisant les jeux en lignes était votée, le PDG du groupe, un certain Dominique Desseigne, entretenait une liaison avec Rachida Dati, alors Ministre de la Justice et Garde des Sceaux. Qui a dit « conflit d’intérêt » ? Voyons, les conflits d’intérêt ça n’existe pas…

En tous cas, on a désormais compris à quoi servait réellement la nouvelle réglementation du marché des paris sportifs et des jeux en lignes : à occuper l’espace médiatique. Comme l’avait relevé Daniel Schneidermann sur Arrêt sur Images la semaine dernière, l’affaire des paris a permis de reléguer au fin fond des journaux télévisés et radiophoniques la manifestation contre le TSCG du 29 septembre. Comme quoi, conflit d’intérêt ou pas conflit d’intérêt, gouvernement de droite ou gouvernement de gauche, quand il s’agit de détourner l’attention du populo, tout le monde se retrouve d’accord.

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