Alors comme ça, il paraîtrait que la Ministre socialiste en charge des PME, de l’innovation et de l’économie numérique ne croit pas en la lutte des classes ? En tous cas pas dans les PME, a-t-elle déclaré dimanche au Parisien. Parce que dans les PME, « tous les patrons […] sont en osmose avec leurs salariés ». Rien que ça !

Je dois vous avouer que cette citation me laisse particulièrement rêveur. Ne pas comprendre, quand on est ministre des PME, que les mécanismes de l’exploitation sont à l’oeuvre quelle que soit la taille de l’entreprise, c’est tout de même faire preuve au mieux d’une naïveté confondante, et au pire d’une bêtise crasse. Et ne pas voir la lutte des classes quand les « entrepreneurs du web » viennent de vous infliger une défaite mémorable, ça touche carrément au déni de réalité.

Car je vous rassure, de leur côté les patrons ont bien compris le concept de lutte des classes, merci pour eux. Et PME ou pas PME, depuis le 6mai,  ils sont en ordre de bataille. On se demande bien pourquoi d’ailleurs, tant le gouvernement socialiste fait tout pour leur complaire. Entre un Montebourg qui cède sur le dossier PSA au premier rapport d’expert venu, Fleur Pellerin qui se ridiculise face aux pigeons, ou les CRS envoyés contre les salariés de l’automobile au salon de l’auto, on a bien du mal à voir ce qui pourrait contrarier le patronat dans la politique actuelle du gouvernement.

Bref, il semble bien que le gouvernement Hollande ne compte plus simplement se contenter de faire passer au Parlement les traités de Sarkozy, mais qu’il prépare activement la continuité avec la politique du président non-réélu. L’interview de Fleur Pellerin au Parisien en est malheureusement annonciatrice, tant elle exhale le fumet douteux de la rhétorique sarkozyste. Et quand on a intégré à ce point la parole de l’autre, il n’y a pas à douter que les actes ne vont pas tarder à venir avec.

Et pour le goûter, un poncif qu’il est bon de rappeler de temps à autre, de la part de M. Warren Buffet (de Normandie) : « La lutte des classes existes. Mais c’est ma classe, celle des riches, qui est en train de la mener. Et nous gagnons. »