Berlin: l’Etat contre Görli

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Il y a déjà plusieurs années que le parti des Verts de Berlin propose l’ouverture d’un coffeeshop autour du Görlitzer Park pour contrer le trafic de cannabis qui s’y déroule. Proposition toujours rejetée par le Sénat, qui préfère l’usage de la force.

Ceux qui connaissent Berlin vous le diront tout sourire : « le Görlitzer Park, c’est le paradis du fumeur de joints ! » Ce n’est un secret pour personne, ni pour les habitants, ni pour les autorités. Et la plupart de ceux qui aiment s’y retrouver ne sont en rien dérangés par la centaine de vendeurs à la sauvette, postés par groupe de 5 ou 6 un peu partout dans le parc.

Si vous avez le style du consommateur de Marie-Jeanne, un petit conseil, ne prenez pas l’entrée principale. Non pas par crainte de la police, mais plutôt pour éviter la confusion. J’ai pu moi même en faire l’expérience. À peine le parc en vue, que deux ou trois douzaines de dealers vous approchent, vous agrippent, vous supplient de les suivre derrière un arbre ou un buisson (non c’est pas le bois de Boulogne), prêts à se battre contre la concurrence, pour vous vendre un de leurs pochons. Tout cela se passe en plein air, et tant que l’on reste dans le parc, il est peu probable de se faire contrôler par une patrouille de police. À la sortie du parc, mieux vaut être prudent. Il est fréquent que des consommateurs se fassent contrôler juste en sortant, ou suivre dans le métro pendant plusieurs stations avant d’être contrôlés..drogendealer

Au Görlitzer Park, comme dans les autres quartiers de Berlin, ces vendeurs ambulants sont tous des hommes issus de l’immigration africaine. La plupart ont des papiers italiens, mais une grande partie reste sans-papiers. Il est utile de le préciser, parce qu’en réalité le problème des autorités de Berlin n’est pas le cannabis lui-même, ni sa vente. D’ailleurs la législation concernant le cannabis à Berlin est plutôt souple, et très tolérante vis à vis des consommateurs. Et dans une ville où les drogues chimiques sont largement répandues dans les clubs, les soirées et les bars, peu se préoccupent du cannabis. Ce qui gène vraiment les autorités de Berlin, dans cette situation, c’est l’image des réfugiés dans le quartier.

Des dizaines d’Africains postés en ligne sur le trottoir entre la sortie du métro Görlitzer Bahnhof et l’entrée du Görlitzer Park, qui haranguent carrément les passants, les poches pleines de weed, ça dérange, ça gratte, c’est même insupportable. Certains habitants s’énervent, ils sont agacés d’être accostés quotidiennement devant leur station de métro par les vendeurs et appellent la police. Rappelons que Kreuzberg est en pleine transformation et que sa population a beaucoup changé. Ce n’est plus seulement le quartier libertaire d’autrefois, de nombreux nouveaux habitants plus aisés s’y sont installés depuis 10 ans. Résultat de cette gentrification, une nouvelle sociologie émane du quartier. D’un côté l’État veut faire de Kreuzberg un lieu de divertissement pour les touristes, de l’autre le quartier reste le coeur de la vie alternative et festive berlinoise. Au métro Görlitzer Bahnhof se côtoient ainsi ces deux mouvements et le parc est un des points de tension.

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Une des idées, émanant d’un sénateur CDU (la droite allemande) de Berlin, a été de créer une unité spéciale de police pour le parc. Officiellement consacrée à faire la chasse aux dealers, elle a plutôt servi a contrôler massivement les personnes d’origine africaine dans le quartier, toutes soupçonnés d’être en relation avec les trafiquants. Après plusieurs semaines de courses poursuites, de contrôles au faciès et d’arrestations non justifiées, une camionnette de la Polizei est finalement garée nuit et jour, 365 jours par an, devant l’entrée du métro. Un dispositif qui n’a pas totalement dissuadé certains de continuer leurs affaires sur le trottoir d’en face… scheissegal.

Depuis l’année 2013, la question des réfugiés a pris une place centrale dans le débat public à Berlin. À Kreuzberg se trouvaient les deux centres névralgiques de la solidarité avec les réfugiés sans papiers : l’Orianienplatz, avec un camp de réfugiés de plusieurs dizaines de tentes où dormaient plus d’une centaine de personnes ; et l’Ohlauer Strasse, où plusieurs familles occupaient une école primaire. Ces deux lieux ont été expulsé violemment courant 2014, sans que les familles ne soient toutes relogées jusqu’aujourd’hui. Au Görlitzer Park c’est aussi par la violence que l’Etat veut « résoudre » la question des réfugiés. We are Here and We will Fight ! Freedom of Movement is Everybody’s Right !

Pour en savoir plus, vous pouvez lire l‘article Wikipédia sur le Görlitzer Park.

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2 commentaires sur “Berlin: l’Etat contre Görli

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