Le guide du routard de la banlieue rouge

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C’est à un type de tourisme un peu particulier que nous invite Alain Rustenholz dans son dernier ouvrage, De la banlieue rouge au Grand Paris, paru le mois dernier aux éditions La fabrique. Tourisme particulier, car si c’est bien d’un tour des communes limitrophes de Paris qu’il s’agit, d’Ivry à Clichy puis de Saint-Ouen à Charenton, le voyage ne sera pas que géographique, mais également temporel.

La forteresse Billancourt

La forteresse Billancourt

Chaque chapitre de ce livre explore l’histoire ouvrière d’une de ces villes de la ceinture rouge, de la Commune aux grandes grèves de 1936 et 1968. A travers  l’évocation des grandes industries (des grands moulins de Pantin à la conserverie Géo du Kremlin-Bicêtre, en passant bien sûr par Renault et Billancourt), Alain Rustenholz montre subtilement comment ce passé ouvrier a forgé cet espace politique et urbain unique, et souligne les traces qui en demeurent aujourd’hui, que certains aimeraient sans doute voir disparaître.

Ce n’est pas par hasard si l’on parle de tourisme, car le livre peut quasiment être pris comme un guide de voyage, chaque chapitre incitant à aller voir sur place les lieux chargés d’héritage qui y sont évoqués. Mais c’est dans sa longueur, et dans sa somme, que l’ouvrage devient une démonstration éclatante : le Grand Paris, c’est le Paris des classes laborieuses.

A l'horizon, l'horloge de l'usine Géo

A l’horizon, l’horloge de l’usine Géo

Car évidemment, la toile de fond de ce livre, comme le rappelle Eric Hazan, l’éditeur, dans sa préface, c’est la mise en place prochaine de la métropole du Grand Paris, et les enjeux politiques qui y sont liés. Hazan rappelle notamment comment les frontières actuelles de la ville de Paris apparaissent comme une pure anomalie historique, puisque le démantèlement du département de la Seine aura été l’unique fois où les frontières de Paris en tant qu’agglomération ont été réduites. Derrière ce choix se cachait évidemment une volonté de protéger le cœur de l’agglomération, riche et bourgeois, de ces pauvres et de ces ouvriers, plus nombreux, mais qui avaient la mauvaise idée d’habiter plus loin, en banlieue, et qui commençaient sans doute à s’agiter un peu trop, en ce début d’années 60. Le coup a été efficace, et désormais que la menace ouvrière semble éloignée de la banlieue rouge, l’histoire peut reprendre son cours, et Paris l’annexion de ses faubourgs.

Voilà donc de quoi éclairer le débat qui n’a pas lieu sur les enjeux de la métropolisation, tout en redécouvrant sous un prisme original un territoire singulier. Et voilà même de quoi ouvrir de nouveaux champs de réflexion, car les relégations successives des classes populaires au-delà des limites de la Ville, si bien mises en évidence par Alain Rustenholz, ne se sont évidemment pas arrêtées avec la Cinquième République. C’est bien sous ce prisme qu’il faudrait étudier la périurbanisation, qui ne semble finalement être que le nouvel avatar d’un mécanisme plus que centenaire.

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Un commentaire sur “Le guide du routard de la banlieue rouge

  • Je viens de mettre en ligne l’index d’environ 700 noms De la banlieue rouge au Grand Paris: http://www.alain-rustenholz.net/p/blog-page.html J’espère qu’il rendra quelques services. Il s’y ajoute à celui de Paris ouvrier, les éditions des deux titres en étant malheureusement dépourvues.

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