Chroniques de Bamako: le toubab et le maquisard

Chroniques de Bamako: le toubab et le maquisard

Il y a un type qui traîne dans le sud de Bamako. Un grand gaillard, fier et têtu, dont je ne réussirai jamais à connaître l’âge malgré mes efforts répétés. En réalité, je serai incapable de décrire ne serait-ce que la couleur de ses cheveux, les traits de son visage ou les plis de sa tunique, car l’homme, et c’est un détail qui a son importance, ne sort que la nuit. Passé vingt heures, l’ami rôde dans les sombres ruelles de la capitale à la recherche de l’anonymat le plus complet, se faufilant entre les baraques pour atteindre son but premier : le maquis

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Balada Triste de Trompeta

Balada Triste de Trompeta

Il pleut et le moniteur rando a décidé d’annuler la sortie prévue cet après-midi ? Il y a tellement de vent que le drapeau rouge a été levé sur toutes les plages de la côte atlantique ? Tous vos amis sont partis et vous vous retrouvez seul à Paris en compagnie de votre carte UGC illimité ? Une seule solution : le cinéma. Oui, mais… qu’est-ce qu’on va voir ? Le dernier Alex de la Iglesia évidemment, puisque Poisson Rouge l’a plus que vivement conseillé !

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Chroniques de Bamako : à la rencontre des révoltés

Chroniques de Bamako : à la rencontre des révoltés

Cela fait bien une semaine à présent que j’arpente les rues de la capitale malienne. La poussière rouge d’une terre sèche et volatile, le bruit incessant des moteurs et l’odeur salée de mes vêtements me donnent le tournis, la nausée parfois. Il faut dire que je ne suis pas ici en vacances ni en voyage d’affaires, comme ces innombrables culs blancs abrités dans leurs 4×4. Non, moi je suis dans la rue tout le jour, du matin au soleil couchant, à la recherche de vieux loups de mer gauchistes et d’anciens révolutionnaires que je veux interroger

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Lard moderne

Lard moderne

Aujourd’hui je vais faire un effort et parler un peu d’art moderne, parce que je sens que vous êtes à bout et que je si je continue avec mes annonciations du XVème siècle, vous allez m’étrangler.
Je dois d’abord avouer que je trouve l’art contemporain –c’est-à-dire l’art actuel, des 30 dernières années– difficile à définir, à cerner. D’ailleurs la notion d’art contemporain elle-même même semble souvent floue quand elle est rapportée à celle d’art moderne. Quand l’art contemporain devient-il moderne ?

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Un pot de confiture géant

Un pot de confiture géant

« La culture », aiment à répéter les cuistres, qui en ont peu, « c’est comme la confiture : moins on en a, plus on l’étale ». Malheureusement, il semblerait que ce proverbe soit de moins en moins vrai. Prenez les patrons de majors du disque par exemple. Eux, de la culture, ils en ont un paquet à leur disposition. Des centaines de paquets même. Eh bien, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ont un peu de mal à la partager…

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Le tableau préféré

Le tableau préféré

Je n’ai pas vraiment de tableau préféré. En fait plusieurs me viennent à l’esprit quand je me pose la question. Comme je l’avais dit dans la première note de cette rubrique, on peut distinguer deux types d’émotions devant une peinture : l’émotion pure qui ne se verbalise pas, et l’émotion qui apparait quand avec le temps, à force de regarder la peinture, les couches de sens se dévoilent une par une, l’accumulation de réflexions, de méditations apparaissent, et l’intimité du peintre, mais aussi de son époque sont dévoilées, et la voix de l’histoire passée est alors audible. Plusieurs tableaux m’ont procuré l’une ou l’autre (ou les deux) de ces émotions.

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L'énergique Solaire de Ian McEwan

L'énergique Solaire de Ian McEwan

Le poisson rouge est sorti de son bocal pour prendre le soleil et lire un bouquin très surprenant. « Solaire », attire par sa couverture, d’un bleu nuit hollywoodienne qui contraste avec les bâtiments sombres d’où surgissent les lettres telles une devanture de Motel au Texas ! Tout d’abord, je tiens à préciser que cet article est également recommandé par l’ami du poisson rouge, le canard (enchaîné bien sur !).

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He was new here

He was new here

Stand clear of the closing doors, please !

Le sous-marin du Marki nous avait largué sur la rive de l’Hudson, et désormais les rues de Greenwich Village s’offraient à nous. Les buildings étaient loin, mais la Ville était toujours là. Le froid de février était mordant et les autochtones s’étaient abrités derrière les vitrines de cafés accueillants. En cette saison, les touristes étaient plus rares encore que les écureuils, mais un groupe de japonais flânait tout de même autour de Washington Square. Une limousine s’arrêtait devant un fast-food, nous proposant un instantané du rêve américain.

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Alors, qu’est-ce qu’elle a donc d’extraordinaire la Joconde ?!

Alors, qu’est-ce qu’elle a donc d’extraordinaire la Joconde ?!

On m’a demandé sur ce même blog ce que je trouvais d’extraordinaire à la Joconde dont je parlais. C’est simple, ce tableau est la meilleure explication que je peux trouver quand on me demande ce que j’aime dans la peinture. C’est l’idée que j’ai rapidement introduite la dernière fois. Il y a tout dans la Joconde : la beauté pure du portrait (je ne me lasse pas de contempler ce visage qui respire le bonheur, mélange parfait de jeunesse et d’intelligence), mais aussi une espèce de force, de souffle génial qui nous pousse à réfléchir, à penser la peinture, à comprendre ce qu’elle nous révèle, ce qu’elle contient au-delà de l’image. C’est pour ça que je n’admire pas seulement ce tableau, je l’aime profondément. Allez, je vais essayer de préciser un peu ça !

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La complainte du partisan

La complainte du partisan

De toutes les chansons qui ont été écrites pour célébrer la Résistance, l’Histoire aura retenu surtout le Chant des partisans. Le succès mérité de cette chanson en a malheureusement laissé d’autres dans l’ombre, dont une qu’on pourrait considérer comme sa soeur, au titre quasi-identique : la Complainte du partisan.

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"La Joconde, ça a rien d'extraordinaire"

"La Joconde, ça a rien d'extraordinaire"

« La Joconde, ça a rien d’extraordinaire. »
C’est ce que m’a dit la fille qui partage mon bureau lundi dernier.
Je ne me souviens plus du début de la conversation, mais je crois que j’avais pris l’exemple de la Joconde pour définir quelque chose d’universellement reconnu comme étant beau.
Et là, bam! « La Joconde ça a rien d’extraordinaire ». Là ça m’a calmé. Je ne savais vraiment pas quoi répondre sur le coup.

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L’identité vue de ma fenêtre: racisme au pays des santons

L’identité vue de ma fenêtre: racisme au pays des santons

Ça commence dans ma rue. Depuis plusieurs jours je suis dans le sud de la France. Un beau pays, trempé de soleil et venteux. Pas étonnant qu’il en ait inspiré plus d’un, le pays, de Giono à Mistral ou Cézanne, il a connu tous les poètes, les peintres, les musiciens et les conteurs. Il faut dire qu’ici, il fait bon réfléchir, observer, prendre le temps et méditer. Il fait aussi trop chaud, voilà l’excuse. Lever le petit doigt relève désormais de l’exploit, et il est préférable de rester allongé, le nez au ciel et le pastis en main, à penser. Penser à tout, ou rien, c’est selon l’humeur. Pour certains en tous cas. Car pour d’autres, le soleil tape si dur et le vent souffle si fort qu’ils semblent leur ramollir profondément le peu de cervelle que la nature leur concéda jadis. Foutu pays, maudite ville, satanée rue, connards de passants.

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