La fiancée du pirate

La fiancée du pirate

Depuis le 2 avril, l’Opéra de Quat’Sous, de Bertolt Brecht et Kurt Weill, est entré au répertoire de la Comédie Française. Ça fera sans doute grincer les dents des gauchistes grincheux, qui hurleront (un peu trop vite) à la trahison. Pensez donc ! Brecht, l’auteur subversif par excellence, mis à l’honneur dans le théâtre le plus bourgeois qui soit ! Ce serait quand même oublier que, Comédie Française ou pas, les scènes des théâtres restent parmi les derniers espaces de liberté quasi-totale de notre société. Surtout, ce serait faire un mauvais procès au texte de Brecht, ainsi qu’à la mise en scène de Laurent Pelly, qui amène toute la subversion du livret directement à la face de ces bourgeois abhorrés, ce qui n’est pas rien. Évidemment, rien ne garantit qu’ils saisissent bien tous la portée du discours qu’ils entendent, mais au moins on aura essayé. Et puis surtout, il faut savoir que la Comédie Française, ça ne coûte même pas cher d’y aller. Donc amis gauchistes énervés, un seul conseil : courrez voir la pièce, ça vaut le coup, et puis ça permettra d’amener votre légitime révolte directement là où elle sera la plus utile. C’est-y pas beau ça ?

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Jorge Gaïtan

Jorge Gaïtan

Le 9 avril, le Poisson Rouge aura une pensée pour Jorge Eliecer Gaïtan. Né dans le village de Manta, dans la région du Cundinamarca au cœur de la Cordillère des Andes, d’une famille de classe moyenne, Jorge Gaïtan a fait des études de droit et de sciences politiques à l’Université nationale de Colombie. En 1924, il rend sa thèse sur « les idées socialistes en Colombie », rien que ça. Afin de peaufiner son instruction, il finit ses études à Rome, par un doctorat en droit.

Dès 1919, il s’engage politiquement contre l’oligarchie du président Suarez qui se partage les richesses du pays et devient rapidement un des leaders de la gauche. Lorsqu’en 1928, les travailleurs en grève de l’United Fruit Company sont tués par l’armée de Suarez, il prend position contre cet acte de barbarie du régime et devient une figure populaire dans toute la Colombie. Elu maire de la capitale Bogota en 1936, il améliore les services publics et lance d’importantes réformes sociales. Nommé ministre de l’éducation en 1940, il lance une grande campagne d’alphabétisation et donne plus de moyens à la culture.

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Un sac de billes et du champagne, soirée au salon du livre

Un sac de billes et du champagne, soirée au salon du livre

Sur mon carton d’invitation, il y avait écrit: Monsieur Nicolas Sarkozy, Président de la République (merci du rappel) vous prie d’assister à l’inauguration du salon du livre , le Jeudi 17 mars 2011 à partir de 17h.
J’aurais dû me méfier, ça sentait mauvais dès le départ. Etre invité par le Nabot-Léon national en personne, ça craint. Mais bon, que voulez-vous, quand on est mandaté par une équipe de rédaction (j’ai nommé le poisson rouge) pour faire du reportage, on y va sans sourciller. Et puis, il faudra quand même se l’avouer un beau jour, l’immense majorité des gens qui assistent à la grand messe des littéreux, y va pour s’enfiler des coupes de champagne et profiter des petits fours. Alors pourquoi pas moi?

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Des yeux et des oreilles

Des yeux et des oreilles

« En plongée » ordonna d’une voix assurée le capitaine tandis que le sous marin, battu par les vagues froides de la mer du Nord, tanguait comme un beignet dans son bac à huile. L’opérateur radio, engoncé dans son habitacle en acier, soupira, cala ses écouteurs sur les oreilles et murmura entre ses dents : « Le vieux perd la boule, on aura jamais assez d’oxygène pour tenir. Et dire que j’ai laissé mon boudin anti stress à Hambourg. » . Ecroulés sur leurs couchettes graisseuses, les manœuvres dormaient dans le poste d’équipage, bercés par le ronronnement des moteurs électriques alors que le fin trait d’acier du sous marin s’enfonçait dans les profondeurs de la mer

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A la vie, à la mort

A la vie, à la mort

Ramzi a 20 ans, il dort dehors depuis 3 semaines et refuse toujours de rentrer chez lui. Il n’est pas seul, des milliers de ses compatriotes sont installés sous des tentes et des abris précaires, et comme lui, ils vivent les plus durs, mais aussi les plus beaux instants de leurs vies. La place qui les accueille n’a pas l’habitude d’être encombrée de la sorte. D’habitude c’est un lieu de passage, quelques-uns s’y donnent rendez-vous, mais personne ne s’y attarde réellement. Bordée par d’immenses bâtiments d’un côté et un fleuve de l’autre, elle donne l’impression aux résidents non déclarés, d’être cernés. Mais ce n’est plus le cas depuis la veille lorsque les chars de l’armée ont bloqué toutes les issues, l’impression s’est dissipée pour laisser place à la réalité. Attirés par cette curiosité, les citadins viennent se promener dans ce coin de la ville, où l’air semble être meilleur, et où les voisins semblent s’apprécier, mais où la mort guette chacun d’entre eux. La plupart veulent participer à ce que certains désignent déjà comme « la révolution », les autres sont simplement attirés par l’originalité de la scène.

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