GiGI LOve

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Le capitaine lança sa boussole par dessus bord d’un air dépité.  Le submersible avait donc bien fait fausse route en sortant de la mer de Barents. Sur les flancs, l’eau devenait petit à petit rose fluo. Les hommes se mettaient à tousser et crachaient depuis quelques jours un liquide étrange, ressemblant à de la soupe de potiron.

Des oiseaux bizarres étaient apparus un matin, zébrant l’aube de leurs cris, et avaient bombardé le sous marin à coup de rouleaux de réglisse, blessant sérieusement l’homme de quart.

Il fallait impérativement faire demi-tour. Le capitaine avisa l’opérateur radio :   » A combien de miles sommes-nous des côtes de Bretagne ?  » lui grommela-t-il.  » J’en sais rien, capitaine… Prenez donc un champignon pour faire passer votre anxiété  » lui répond l’opérateur, qui avait fait tomber sa sauce soja sur le système radar la nuit précédente et voulait cacher son méfait le plus longtemps possible au capitaine.

Le capitaine attrapa un champignon de Paris pas trop pourri et kiffa sérieusement l’instant. Il lui vint soudain une idée :  » Les gars ! On va se mater GIGI LOVE sur l’écran géant du sous marin ! « , rugit-il soudain. Tous les sous- mariniers s’arretèrent alors de travailler et mirent leurs casque sur leurs oreilles, comme à la Fnac quand tu veux écouter un morceau sans acheter le disque.
Cette semaine, vous l’aurez compris, c’est GIGI LOVE qui déboule sur le Poisson Rouge !

Jean Maxime, jeune homme farfelu et fanatique des champignons, tombe amoureux d’une jeune touriste accro à Gilbert Bécaud. Une course poursuite amoureuse se met en place, de la butte Montmartre aux allées du Père Lachaise… Un casting digne des productions Bollywood !

Un film de Nicolas Baisez – Scénario Marc Pondruel

Et bien sur la suite de Michigan Avenue:

Elle se souvint subitement des soirées sur le campus de Jackson University, les jeux à boire stupides qui finissaient souvent en déambulations grotesques, groupes de filles complètement pétées dans les allées. Il fallait faire gaffe à ne pas se faire pincer par les flics qui patrouillaient à la recherche d’ados pris en flagrant délit de criminal offense involving alcohol.

Faut bien que jeunesse se passe. Elle n’avait pas trouvé de boulot à la sortie de l’université, diplômée de Psychology, quelques années à peindre pour les copains et puis ce petit boulot, serveuse dans la ville de ses parents. 24 ans, ce n’est pas la mort, ce n’est que le début de la précarité.

Par défi, elle prit le verre et but une rasade de Popov vodka. Amère madeleine, car le goût était aussi dégueulasse que dans ses souvenirs, et l’impression nette de boire de l’alcool à brûler lui donna un haut le coeur. Elle grimaça de surprise. L’autre lui sourit, et se mit alors à parler par phrases courtes, condensées, brillantes et vivantes comme des esturgeons.

Il lui dit d’où il venait, il était russe bien sûr, pas la trentaine, ses grand parents avaient émigré à Little Odessa, le quartier russe de Brooklyn, après la guerre. Little Odessa, c’est le même estuaire qu’à Odessa, en Ukraine, ses parents lui avaient dit, mais il l’avait aussi lu sur Wikipedia. Il s’appelait Volodia, ses parents avaient ajouté un « y » car ils croyaient que ça faisait plus américain. Volody. Mais qu’est-ce-que c’était moche. Zelda, elle, ne connaissait pas la Mer Noire. Elle ne connaissait pas non plus New York, en avait entendu parler comme d’une ville chère et polluée. Par contre elle connaissait bien Wikipedia. Cela le fit rire. Son rire était clair, il résonnait dans le bar, et il lui sembla brusquement que le rire de cet homme était aiguisé comme un sabre, qu’il pouvait fendre la souche de la nuit. Un rire-sabre qui semblait donner au désespoir sa véritable place, c’est-à-dire planqué au fond d’un tiroir avec le mouchoir de la vie par-dessus.

Depuis les rives du Lac Michigan, par temps sec, on peut voir Chicago et ses lumières dans la nuit, de l’autre côté du lac, lui dit-elle alors avec un léger sourire en le regardant de ses yeux verts et brillants. Le lac Michigan est grand comme une mer, cru-t-elle bon de préciser. Il y a des tankers qui le traverse. Oui mais depuis Brighton Beach, à Little Odessa, on ne voit pas la rive opposée de la Mer Noire, et c’est bien pour ça que les habitants y sont infiniment mélancoliques, lui répondit-il en jouant avec le verre de vodka imbuvable. Peut être qu’on devient fou à force de s’abimer les yeux à vouloir distinguer la rive opposée. A SUIVRE !

Le début de l’histoire : La brinquebale américaine

Bonne semaine !

Marc

 

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5 commentaires sur “GiGI LOve

  • Marc, j’ai une question: est-ce que tu as fini d’écrire Michigan avenue et tu lâches un petit passage chaque semaine, ou est-ce que tu l’écris au fur et à mesure?

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  • @victor
    Alors j’ai fini « Michigan Avenue » il y a quelques semaines, donc je la poste en ligne par petits morceaux, dans la bonne vieille tradition des journaux du XIXème !
    J’en ai une autre sur le feu là, sur une moissonneuse et un vagabond.
    Merci d’être passé !

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  • Ping : Poisson Rouge » Les soirées retrouvailles sont un truc de bolos

  • Pas mal Gigi Love, quelques defauts de jeunesse (son, montage un peu brutal).
    La nouvelle est top, et c’est bien agreable de ne l’avoir que bout par bout

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  • Merci de ton passage, vieux loup de mer !

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