Ils jouaient du pipeau debout…

facebook twitter google tumblr reddit pinterest email

Décidément ce retour de vacances s’annonce plein de surprises. Entre Sarkozy qui devient le nouveau super défenseur des droits de l’Homme depuis la chute de Kadhafi (un article ultérieur y sera consacré), le retour en grande pompe de DSK, courtisé et magnifié par les médias Français qui lui ont pourtant allégrement déféqué dessus pendant des mois, voila que nos amis les super riches vont bientôt détrôner mère-Térésa et l’Abbé Pierre réunis.

Finis les sobriquets infamants de « profiteurs », « exploiteurs » ou « enculés » pour les moins imaginatifs. Les super riches sont des gens biens et veulent le faire savoir. C’est ce qui ressort de la pétition signée par 16 grandes fortunes de France à l’initiative de Maurice Lévy (Publicis).

« Nous, présidents ou dirigeants d’entreprises, hommes ou femmes d’affaires, financiers, professionnels ou citoyens fortunés, souhaitons l’instauration d’une « contribution exceptionnelle » qui toucherait les contribuables français les plus favorisés. Cette contribution serait calculée dans des proportions raisonnables, dans le souci d’éviter les effets économiques indésirables tels que la fuite des capitaux ou l’accroissement de l’évasion fiscale.

Nous sommes conscients d’avoir pleinement bénéficié d’un modèle français et d’un environnement européen auxquels nous sommes attachés et que nous souhaitons contribuer à préserver. Cette contribution n’est pas une solution en soi : elle doit s’inscrire dans un effort plus global de réforme, tant sur les dépenses que sur les recettes.

Au moment où le déficit des finances publiques et les perspectives d’aggravation de la dette de l’Etat menacent l’avenir de la France et de l’Europe, au moment où le gouvernement demande à tous un effort de solidarité, il nous semble nécessaire d’y contribuer. »

Cette déclaration intervient bien sûr pour soutenir le plan de rigueur proposé par le gouvernement qui intègre une taxe sur les hauts revenus à hauteur de 3 % pour les revenus supérieurs à 500 000 euros pour l’instant (Bernard Accoyer Président de l’Assemblée Nationale étant favorable à un abaissement du seuil de taxation autour de 250 000 euros, le débat est ouvert).

Nos grandes fortunes seraient-elles devenues magnanimes pendant cet été ?

D’une part cette contribution s’accompagnera de contreparties : « elle doit s’inscrire dans un effort plus global de réforme, tant sur les dépenses que sur les recettes. » il faut comprendre par là : suppression du système social Français (sécurité sociale, fonction publique), privatisation de tous les secteurs publiques ou encore baisse du coût du travail. D’autre part elle ne concernera (selon Bercy) que 9000 foyers fiscaux, pour un coût total estimé à 200 millions d’euros cela revient à un peu plus de 22 000 euros par foyer. Quand on compare cela au cas de Liliane Bettencourt, signataire de la pétition des 16, cela donne le vertige. Avec une fortune estimée à 17 milliards d’euros, Mémé Bettencourt bénéficie d’une remise annuelle d’impôts de 30 millions d’euros au nom du bouclier fiscal et ne paye que 40 millions d’euros d’impôts pour un revenu d’environ 280 millions d’euros (voir l’excellent dossier de Marianne sur Liliane Bettencourt et son rapport à l’impôt). Pour comparaison, un cadre en moyenne reverse environ 30 % de ses revenus à l’Etat contre 15 % pour Mémé Bettencourt, jeu set et match !

Cette contribution semble donc bien dérisoire notamment lorsqu’on la compare à ce qu’a coûté le bouclier fiscal, c’est-à-dire 600 millions aux caisses de l’Etat.  Et elle devient insultante lorsqu’on décortique réellement l’évolution de la fiscalité et des revenus des grandes Fortunes depuis 10 ans. En introduction on peut rappeler que selon les estimations de l’économiste Thomas Piketty, « le coût des cadeaux fiscaux accordés ces dix dernières années aux 1% des Français les plus riches » s’élève à 150 milliards d’euros (voir Marianne n°749). Selon l’Insee les revenus d’activités pour les 0,01 % des gens les plus riches ont progressé de 40 % entre 2004 et 2007 contre 11% pour le reste de la population. A cela on peut ajouter que nos chers magnanimes, à l’instar de Nicolas Sarkozy, se sont largement augmentés ces dernières années. Pour exemple on peut prendre le cas de Philippe Vardin, président du directoire de PSA Peugeot Citroën dont le salaire à augmenté de 318 % en 2010 pour atteindre 3,3 millions d’euros. En bref, les trois quarts des signataires de cet appel (Jean-Paul Agon 10 % en 2010, Christophe de Margerie 12 %, Frédéric Oudéa 152 % etc.) se sont, dans les trois dernières années, copieusement accordés des augmentations de salaire vertigineuses et même indécentes par rapport aux smicards de base. (le SMIC ayant évolué sur l’année 2010 de seulement 1,7 %).

Pouvons- nous mieux faire ?

La question est souvent délicate et les insultes généralement pas loin. Entre les « sales cocos », les « sales rouges » ou « enculés » pour les moins imaginatifs, les extraits de texte que je vais vous soumettre ne vont pas arranger les choses :

« Alors que les pauvres et les classes moyennes combattent pour nous en Afghanistan, que la plupart des Américains ont du mal à joindre les deux bouts, nous, les super-riches, nous continuons à bénéficier de nos confortables allègements fiscaux. »

« Si vous gagnez de l’argent avec de l’argent, comme font la plupart de mes amis super-riches, votre taux d’imposition est peut-être un peu plus faible que le mien – en 2010, j’ai payé 7 millions de dollars, soit l’équivalent de 17,4 % de mon revenu imposable. Mais si vous gagnez de l’argent par votre travail, vous êtes sans doute davantage imposé que moi, et de loin. »

« Cela fait trop longtemps que mes amis et moi sommes choyés par un Congrès ami des milliardaires. Il est temps de partager réellement les sacrifices. »

ET pourtant, ces extraits tirés des colonnes du New York times (traduction en Français) sont l’œuvre de Warren Buffet, deuxième Fortune du monde derrière Bill Gates, dont la richesse est évaluée à 52 milliards de dollars selon le magazine Forbes.

Selon lui il faudrait taxer de manière bien plus importante les grandes Fortunes qui ont profité durant des années des coups de mains des Etats. Et quand nos fortunes Françaises précisent : « Cette contribution serait calculée dans des proportions raisonnables, dans le souci d’éviter les effets économiques indésirables tels que la fuite des capitaux ou l’accroissement de l’évasion fiscale », Warren Buffet nous fait partager un peu de son expérience personnelle notamment sur cette vielle Chimère :

« J’ai travaillé avec des investisseurs pendant soixante ans et je n’ai encore vu personne – pas même en 1976-1977, lorsque les plus-values étaient taxées à 39,9 % – s’abstenir d’un placement raisonnable à cause du taux d’imposition sur les plus-values potentielles. Les gens investissent pour gagner de l’argent et la fiscalité ne les a jamais effrayés. Quant à ceux qui affirment que les hausses d’impôts nuisent à la création d’emplois, je leur ferai remarquer qu’environ 40 millions d’emplois nets ont été créés entre 1980 et 2000. On sait ce qui s’est passé depuis : une baisse des taux d’imposition et de moins en moins de créations. » (Sur l’évolution de l’emploi et des taux d’imposition, l’auteur parle du cas des USA)

 

facebook twitter google tumblr reddit pinterest email

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>