Enquête au Bourget : une réponse à CBN

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Il y a quelques mois, le poisson rouge publiait un article de John Dillinger, Regards d’ailleurs ou problème de myopie, qui suscitait sur notre blog un engouement inattendu (et un flot de commentaires agressifs par la même occasion). Dans cet article, l’auteur analysait un reportage d’une chaîne américaine (CBN), où la banlieue parisienne était présentée comme un véritable no man’s land où règnent violence, racisme anti-blanc et désolation. La ville du Bourget, en Seine Saint Denis, y était présentée comme une zone de non droit soumise à la loi coranique où les français de souche faisaient office de gibiers traqués par de puissants voyous barbus. La preuve en était donnée par le cas d’une commerçante, Marie-Neige Sardin, qui affirmait vivre recluse dans sa boutique tant l’ambiance de son quartier était devenue nauséabonde. Choqués par cette caricature honteuse (rappelons que les « experts » interrogés dans le cadre du reportage sont des éminentes personnalités d’extrême droite), nous avons pensé qu’il serait utile de se rendre sur place afin de voir si oui, ou non, le reportage reflétait la réalité.

Dans le but d’appréhender au mieux la ville du Bourget, et de ne pas la réduire à une seule voix, nous nous sommes lancés dans une enquête de voisinage. Objectif : recueillir un maximum de témoignages et de points de vue sur la ville. Au bout d’une journée de rencontres et de discussions avec les habitants, les commerçants ou les simples travailleurs de passage, un fait décisif nous est apparu : la question de l’intégration dans le quartier et le fantasme de l’insécurité.

Par exemple, nous avons rencontré une commerçante, amie de Marie-neige Sardin (tiens tiens), qui nous a expliqué qu’effectivement le quartier était craignos. Jusque là rien de nouveau. Et puis, au fil de la discussion, notre interlocutrice nous a avoué que depuis qu’elle travaillait dans le quartier, elle ne connaissait personne, pas même les commerçants voisins (par contre elle connaît parfaitement Mme Sardin, dont le commerce et à une centaine de mètres), et qu’en cinq ans elle n’avait pratiquement jamais eu de problème particulier (à part un crachat sur sa vitrine et un accrochage avec une personne alcoolisée). Cela ne l’aura pas empêché de ponctuer l’une de ses phrases par « j’ai un fond raciste ». Autre témoignage intéressant, celui du jeune employé de boutique : habitant du Bourget, il voudrait quitter sa ville car il ne se sent pas en sécurité, notamment à cause de « jeunes délinquants immigrés qui font la loi dans le quartier ». Mais quand nous lui avons demandé s’il avait déjà été agressé par lesdits délinquants, il nous a répondu que non, mais qu’on lui avait dit que cela été déjà arrivé.

Sur une quinzaine d’entretiens, seuls ces deux témoignages se rapprochent de celui de Mme Sardin. Nous avons ensuite contacté (au hasard de l’annuaire), une association de danse du même quartier, le Total Feeling Crew. Accueillis à bras ouverts au Bourget, nous avons partagé une après midi avec les danseurs, et les avons interrogés sur la manière dont ils voyaient leur ville. Ceci n’aura fait que confirmer ce que nous craignions : une manipulation pure et dure des faits et des images au profit d’idéologues d’extrême droite. Nous autres, du poisson rouge, n’avons nullement eu besoin de tourner en caméra cachée, là où les journalistes américains préféraient dissimuler leurs objectifs pour créer un climat de peur sans équivoque.

A noter: la librairie de Mme Sardin étant fermée lors de nos passages au Bourget, nous n’avons pas pu nous entretenir avec elle.

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3 commentaires sur “Enquête au Bourget : une réponse à CBN

  • Je crois que c’était finalement la réponse la plus juste à faire à l’horrible reportage.
    Bravo!

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  • Oui, je crois que le but est d’arrêter de donner la parole à de sombres fachos fachés, et de voir la situation à travers d’autres individus! Merci

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  • Ping : Poisson Rouge » Le vrai visage de Marie-Neige Sardin

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