Outel Bono

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Le 26 août dernier, le poisson rouge a eu une pensée pour Outel Bono, médecin tchadien luttant contre les mécanismes aliénants de la décolonisation française.

Outel Bono est d’abord médecin chef à l’hôpital de Fort Lamy du Tchad et marié à une française. Il  contribue ensuite à la fondation du parti progressiste Tchadien puis fait son doctorat de médecine en France. De retour au Tchad en 1962 , il propose au parti unique de développer des principes démocratiques mais des pressions de dirigeants de l’époque le contraignent à abandonner, il se limite alors à sa profession intrinsèquement humaniste de médecin.

En mars 1963, il est enlevé à son domicile, enfermé, et condamné à mort pour complot. Grâce à de nombreuses interventions extérieures, il sera libéré contre la force de ses persécuteurs. Se sachant surveillé, il ne veut plus rien d’autre que soigner ses malades. Invité à une conférence sur la culture du coton en 1860, en homme intègre il dénonce l’exploitation des cultivateurs. Volontairement mal interpreté par le gouvernement Tchadien et la françafrique, il lui vaut un retour en prison.

Libéré, il retourne démontrer son immense compétence de médecin, multiplie les dispensaires et contribue à enrayer plusieurs épidémies notamment le choléra. Ses réussites de médecin font des envieux, il en est forcé à l’exil en France d’où il rédigera le manifeste du Mouvement Démocrate de Rénovation Tchadienne MDRT.

Une de ces abominables affiches de propagande post colonial
très largement approouvées par le gouvernement français.

C’est alors qu’un certain Henri Bayonne semble s’intéresser à ce nouveau parti d’opposition démocratique et non violent. Outel Bono l’accueille sans se méfier des origines de cet homme qui n’est autre qu’un officier des services secrets français.  Une conférence de presse était prévue le 28 août 1973 pour présenter quelque dizaines d’exemplaire du manifeste.

Le 26 août 1962 au petit matin, Outel Bono est tué de deux balles de revolver en montant dans sa voiture rue de la Roquette, à Paris. L’assassin s’enfuit en 2 CV. Sa femme, arrivée par avion, sera séquestrée durant huit jours par les époux Bayonne qui l’empêchent de communiquer avec l’extérieur.. L’assassinat du Dr BONO a été vu sur place par plusieurs témoins qui l’ont aperçu avant le crime et tout de suite après.

Cet assassinat, évidemment commandité par les services secrets français, fut considéré par le juge Alain Bernard comme un acte de crime passionnel. Pour avoir établi ce jugement, Mr Bernard est récompensé par une promotion à la fonction de procureur général à Bastia. Malgré la demande de la partie civile, Claude Bocquel n’a jamais été entendu par le juge d’instruction et n’a jamais été inculpé. Alors que des empreintes digitales « identifiables » ont été relevées sur les vitres de la voiture du Dr BONO, aucune étude comparative n’a été faite entre ces empreintes digitales et celles de Claude Bocquel. Le jugement du meurtre du médecin Bono finira par un non-lieu le 20 avril 1982.

Au Tchad comme dans le monde, Bono n’est pas assez connu, Outel Bono bien sûr… Le poisson rouge,  comme l’association survie, rend un simple hommage à la mémoire d’un homme symbole pour les peuples africains de leur lutte pour la liberté et le respect qui leur est dû.

 

 

 

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