La guerre au peuple, bis

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Il y a à peine quatre mois, j’expliquais ici même comment le gouvernement grec, sous la pressions de la troïka FMI, BCE et UE, avait commencé une guerre de classe contre son peuple. Quatre mois plus tard, sous la pression constante de la rue, le premier ministre grec Papandréou fait (légèrement) machine arrière et accepte l’idée d’un référendum pour valider le plan de sauvetage (notez qu’on ne parle plus de plan de rigueur, par ailleurs…) : que pensez vous, dès lors, qu’il arrivât ?

Bien évidemment, ceux qui avaient mis la main sur le destin du peuple grec et leurs complices se mirent à crier et à pleurer, l’un appelant à l’irresponsabilité, l’autre dénonçant le « coup de Trafalgar » de ces Grecs qui décidément n’en font qu’à leur tête. On comprend bien la rage qui peut étreindre ceux-là, qui avaient fait de la Grèce leur jouet : maintenant qu’il leur est confisqué, avec qui vont-ils bien pouvoir s’amuser ?

Rendez-moi mon plan de sauvetage ou je pleure !

La France connaissait déjà l’amour des institutions et des dirigeants européens pour la volonté populaire, puisqu’ils nous avaient déjà fait un enfant dans le dos avec le fameux « mini-traité » de notre non moins « mini » président. Aujourd’hui encore, ils montrent à quel point leurs projets sont éloignés des aspirations légitimes des peuples européens, et ne cachent plus la frousse que leur inspire ne serait-ce que l’idée que les gens d’en bas puissent donner leur avis sur la politique économique.

Ce qu’on peut lire en filigrane dans les réactions à l’annonce du référendum grec, c’est bien le déroulé de cette guerre de classe dont on avait vu les prémisses il y a quatre mois. Le référendum, c’est la reddition de Papandréou face à la pression de treize grèves générales successives. La bataille d’Athènes est perdue pour la troïka capitaliste, et la défaite est dure à digérer. Mais ne nous méprenons pas, la guerre continue, en Espagne, en Italie, en France et partout ailleurs.

Maintenant, monsieur Papandréou, expliquez-nous ce qui vous a amené à prendre cette décision...

D’ailleurs, derrière la jubilation de voir Sarkozy piquer une grosse colère parce que ses jouets sont cassés, il ne faut pas se méprendre : tout n’est pas si rose. Le remaniement qui a eu lieu hier à la tête de l’armée grecque, annoncé presque simultanément au référendum, et en catimini, n’est pas rassurant, surtout dans le pays qui a connu une féroce et sanglante dictature militaire il n’y a pas si longtemps que ça. La preuve, s’il en fallait une de plus, que la guerre au peuple ne fait malheureusement que commencer.

Les images qui illustrent cet article sont tirées de Z, de Costa Gavras, un film qu’il est bon de revoir de temps en temps…

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17 commentaires sur “La guerre au peuple, bis

  • L’union européenne est un instrument central des élites politiques dégénérées et de la finance internationale apatride pour baillonner les nations et brider la souveraineté de leurs peuples respectifs.
    Plus subtil que les immondes totalitarismes du siècle passé (communisme et nazisme), et moins brutal qu’eux à l’évidence, l’idéologie mondialiste propose un système vicié, d’apparence démocratique, mais dans lequel le peuple est en réalité dépossédé de tout droit de regard sur les grands sujets (autrefois dénommés « domaines régaliens de l’Etat). Les tenants de cette utopie semblent vouloir établir un homme nouveau : individu indifférencié, déshumanisé, voué à la consommation frénétique, notamment de produits issus des nouvelles technologies…
    La question grecque démontre bien que le peuple (perçu comme un amas de veaux décérébrés) n’est pas censée avoir droit de cité en ce qui concerne la politique européenne.
    D’ailleurs doit-il y avoir une politique européenne ? Des nations pluri-centaires ayant chacune leurs traditions et intérêts propres ont-elles vocation à disparaître pour laisser la place à cet objet démocratique non identifié, uniformisateur et technocratique qu’est l’UE ? Pour moi, la réponse est non…

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  • Sur le fond, je suis d’accord quant au fait que l’UE dépossède les peuples de leurs désirs et de leurs avenirs politiques. Jusqu’ici, on passait en douce pour imposer des directives nauséabondes et autoritaires (traité de Lisbonne, cette honte!!). Pourtant je crois définitivement que les nations ont toujours joué ce même rôle. Elles nations ne protègent pas les peuples, elles les dépossèdent au contraire. Il ne sert à rien de rejeter inlassablement la faute sur l’Europe sans comprendre que les nations avaient entamé ce processus de domination bien avant elle. Ce n’est pas « ni dieu ni maître » que je revendique, mais simplement la souveraineté totale des peuples. Le nationalisme est une usurpation scandaleuse, puisqu’il écrase justement cette souveraineté populaire au profit de la nation, qui demeure l’instrument de l’élite! A bon entendeur

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  • Eh bien Polo, malgré vos propos sur l’article à propos de Marie-Neige Sardin, si vous n’êtes pas islamophobe ou quoi que ce soit -phobe, vous utilisez allégrement le même vocabulaire douteux que ceux qui le sont… « Dégénérées », sérieusement ? Va falloir faire un peu gaffe là…

    Sur le fond, je ne suis évidemment pas d’accord avec vous. Le problème ce n’est pas l’Union Européenne en soi, ni l’idéologie « mondialiste », comme vous l’appelez, mais bien l’idéologie capitaliste, que la majorité des dirigeants européens défendent, qui a causé la crise et qui a tout intérêt à ce qu’elle s’aggrave.

    Il y a bien un problème d’institutions et de démocratie en Europe, mais le repli sur les nations ne garantit aucunement de régler ces problèmes… bien au contraire !

    Quant à vos divagations sur cet « homme nouveau », qui semblent tout droit sorties d’un roman de Maurice G. Dantec, je ne pense pas nécessaire de les relever…

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  • Honnêtement, vous vient-il parfois à l’esprit qu’il est un peu excessif et malhonnête intellectuellement de qualifier tout contradicteur de facho ? Visiblement, le « point Godwin » semble facile à atteindre chez vous… Est-ce trop vous demander de faire ne serait-ce qu’un tout petit peu preuve d’ouverture et de ne pas faire de procès d’intention ?
    Je ne vois pas en quoi il serait malsain d’aimer son pays et de souhaiter qu’il garde en main sa destinée. Cela ne m’empêche pas de m’intéresser aux autres pays, à leurs spécificités, leur originalité ; en somme, ce qui fait leur âme…
    Désolé de vous rappeler un peu l’histoire, mais la conquête de la souveraineté populaire est historiquement lié au concept de Nation, lequel recoupe à la fois le pays et les habitants de celui-ci détenant chacun une parcelle de souveraineté. Cette affirmation de la Nation, à la fois territoire et volonté populaire, est né à la Révolution française : les soldats de l’an II se battaient pour la Nation et non pour un roi comme auparavant. Il ne serait même pas venu à l’esprit des révolutionnaires de 1789, de 1830, de 1848 et j’en passe de se prétendre « citoyen du monde », ils étaient tous empreints de valeurs progressistes qu’ils entendaient mettre en œuvre dans le cadre de la Nation. Il faut d’ailleurs attendre les quarante dernières années pour que la gauche y voit je ne sais quel relent de fascisme. Peut-être que ces considérations sont bien dures à comprendre pour un bobo urbain occidental de gauche, nourri au lait de l’ultra-individualisme et persuadé qu’il est dans le sens de l’histoire et hyper tendance de se prétendre ne dépendre d’aucune communauté de destin…
    L’homme étant ce qu’il est, il est vrai que certains esprits égarés se sont appuyés sur la défense de leur pays, leur religion ou leur idéologie (nazisme, communisme) pour commettre des actes ignobles. Doit-on pour autant jeter au feu toute notion de pays, toute croyance religieuse, toute idée politique sous prétexte de dangers potentiels ?
    Vous avez tout à fait le droit de penser que je délire mais il ne m’apparaît pas incohérent de dire que certains dirigeants mondialistes, les multi-nationales qui se font guère de cas des frontières ont intérêt à favoriser le développement, par le biais de la société de consommation, d’un individu hors-sol aseptisé aux préoccupations uniquement matérialistes. Savez-vous que ce sont des penseurs de gauche qui ont évoqué tout cela les premiers ? Jean Baudrillard, Pierre Emmanuel, Michel Clouscard (critique du libéralisme-libertaire héritier de mai 68) étaient-ils d’affreux adorateurs de Goebbels ?

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  • C’est une aberration de croire encore que nation= peuple+pays. Valmy est bien loin, et « vive la nation » ne rime plus avec révolution. La nation, instrument de l’élite, est bien loin du concept simplissime pour juriste débutant que vous évoquez. Dans les faits, la nation française ne s’est construite que par écrasement des rebellions. C’est au nom de la nation qu’on maintint le roi sur son trône, qu’on abandonna Paris aux mains des prussiens et que l’on offrit quelques populations aux milices pétainistes. « La liberté où la mort », je dis « la liberté où la mort »

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  • Attention de ne pas confondre Etat et Nation, deux notions qui ne sont pas synonymes. La définition commune de la Nation est celle d’une communauté d’hommes vivant dans un cadre territorial donné et ayant un sentiment d’appartenance commun lié au dit cadre territorial, à travers une certaine langue, une certaine culture ou certaines valeurs…
    Votre vision anarchoïde de l’Etat me fait bien rigoler : comptez-vous sur les « conseils autogérés », le sens de la responsabilité de chacun ou la générosité « populaire et révolutionnaire » pour assurer l’ordre public, l’exercice de la justice, la redistribution sociale, bref, les services publics ??
    La construction de l’Etat en France ne s’est pas résumé à faire donner la troupe ; il s’agit d’un processus complexe, loin d’être linéaire, dont tout historien sérieux vous dira qu’il tire ses origines au Moyen-Âge (voir notamment l’action des grands rois capétiens Philippe Auguste, Saint-Louis et Philippe le Bel, l’institution des prévôtés, bailliages et sénéchaussés).
    J’ose prétendre savoir à peu près de quoi je parle en matière d’histoire pour espérer ne pas trop écrire d’âneries…

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  • Polo, votre définition de la Nation, « à l’allemande », est quand même loin d’être la seule qui existe, et n’est surtout pas celle que défendait la Révolution Française, à laquelle vous faites pourtant appel. De ce que j’ai retenu de mes propres cours d’histoire (probablement moins poussés que les vôtres), la Nation révolutionnaire reposait plutôt sur l’adhésion commune au triptyque « Liberté, Egalité, Fraternité », et à la volonté de le défendre qu’au fait de parler la même langue, ou même d’avoir la même culture.
    La France de 1789 était de toute façon loin d’être culturellement ou linguistiquement unifiée. C’est cette définition de la Nation qui permet une annexion sans embûches de la Savoie en 1860. C’est aussi cette définition universaliste qui permet que 63% des immigrés déclarent se sentir français, même quand ils n’ont pas acquis la nationalité (rapport 2011 de l’Onzus).

    Si l’on s’en tient à votre définition, c’est certain que l’Europe pose un problème, mais si l’on élargit sa vision, il apparaît presque possible (et j’espère qu’on y arrivera un jour) de parler d’une nation européenne…

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  • « La définition commune de la Nation est celle d’une communauté d’hommes vivant dans un cadre territorial donné et ayant un sentiment d’appartenance commun lié au dit cadre territorial, à travers une certaine langue, une certaine culture ou certaines valeurs… »
    Donc considérons que la nation est un fantasme pur et dur, puisque jusqu’au début du siècle, ni unité culturelle ni linguistique ne semblaient structurer le pays. De plus, le sentiment d’appartenance à une nation est tout relatif, comme la notion même de « culture ». Reprenons ensemble le débat sur l’identité: un ouvrier basque se sent il plus français que prolo s’il discute avec un autre ouvrier espagnol? Tout reste à voir… Au lieu de vous abreuver des fumisteries de Samuel Huntington, lisez ce très bon livre de Jean François Bayart,chercheur émérite sur les questions dites d’identité: L’illusion identitaire. Cela pourrait bien remettre en cause l’intégralité de votre schéma de pensée, que je trouve d’une obsolescence, comment dire… programmée
    De plus, il est très difficile pour les historiens de concevoir aujourd’hui les lignages politiques qui aboutissent à la construction d’un Etat français ( disons au XVIème siècle). De Mérovée à Charles Martel, faites attention aux légendes réinventées qui ne reflètent pas bien souvent les réalités historiques. Sinon, pourquoi ne pas dire tout simplement que « nos ancêtres les gaulois, habitaient des huttes en bois » et se toucher la nouille pendant de longues heures en pensant venir tout droit du sacro-saint foetus de Vercingetorix.

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  • La nation, comme la culture ou même la conscience de classe sont des constructions idéologiques très récentes (au regard de l’histoire d’un territoire). Elles n’ont rien de naturel et sont donc parfaitement dépassables. L’argument de vérité ne tient donc pas dans le débat présent, car ces questions appartiennent à ceux qui veulent s’en saisir. « L’histoire de toutes sociétés jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de la lutte des classes » est un schéma lui aussi dépassable, mais qui n’a rien à envier aux théories nationalistes!!!

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  • IL faut rappeler comme il a été fait, que le concept de nation est un concept récent, qui date de la fin du 18 ème début 19 ème siècle. IL n’est pas « naturel » loin de là, d’ailleurs c’est avant tout un concept stratégique puisqu’il a été développé et répandu dans le but de déstabiliser les grands empires de l’époque, notamment par le concept »d’Etat-Nation ».

    D’autre part les concepts même de souveraineté populaire et souveraineté nationale sont antagonique, ils s’opposent, l’un faisant appel au système représentatif et l’autre au principe de démocratie directe et mandat impératif. C’est à cause notamment du concept de nation, que la souveraineté populaire n’a jamais pu être mise en place. Car c’est le parlement dans son ensemble qui représente la nation, le peuple ne détenant en aucune manière une parcelle de souveraineté de façon individuel.

    La nation est une invention idéologique, qui a été utile un certains moment dans un but bien précis, la mise en place de l’empire napoléonien, au même titre que notre « ancêtre les gaulois ».

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  • Encore une fois, vous cherchez à me faire dire que ce je n’ai pas dis, à moins que je me sois mal expliqué… J’ai voulu dire que certains pays s’appuyait sur tel aspect plutôt que tel autre pour donner corps à la définition de leur conception de la Nation, concernant leur propre pays.
    Je vous remercie de vos brillants cours d’histoire, moi qui ne suis qu’un modeste thésard débutant(je le fais à titre personel, à côté de mon activité professionnelle) en histoire médiévale. Ô miracle, je connais la différence entre la théorie de la Nation allemande fondée sur le concept de Volkgeist développée par Herder et sur le droit du sang (due à Johann Gottlieb Fichte). Cette conception ethno-racialiste a toujours cours aujourd’hui puisqu’elle est reprise par les mouvements régionalistes de tous bords (aidés en cela non seulement par l’UE mais par l’Allemagne elle-même) pour dissoudre les Etats-Nations.
    La conception française de la Nation quant à elle est fondée par une volonté d’appartenance commune, sur un « plébiscite de chaque jour ». Je viens de retrouver une petite citation de Renan qui résume tout : « L’homme n’est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d’hommes, saine d’esprit et chaude de coeur, crée une conscience morale qui s’appelle une nation ».
    Cela dit, la définition de Renan, si elle n’est pas essentialiste, suppose malgré tout un impératif de cohérence ; la France, rappelons-le a quinze siècles d’histoire.
    Voila pourquoi, l’idée d’une nation européenne me paraît d’une totale absurdité : quoi que fassent les eurocrates (Sarko, Trichet, Barroso, Van Rompuy, etc.), ils ne feront pas des grecs des allemands, des espagnols des finlandais, etc. La gabegie actuelle nous le prouve…
    Tous ces politicards formatés aveuglés par leur idéologie court-termiste du tout-économique ne semblent avoir aucun sens de l’histoire et du temps long…

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  • Mais peut-être peut-on faire des Européens à partir des Allemands, des Grecs, des Espagnols… comme on a fait des Français à partir des Bretons, des Auvergnats, des Savoyards et des Occitans…
    Il n’y aurait là rien d’incohérent avec la notion de « plébiscite de chaque jour » il me semble.

    Tout ça pour dire que le problème ce n’est pas l’Europe en soi, mais bien les institutions européennes actuelles, fruits de l’idéologie capitaliste cachée sous le masque du libéralisme. Idéologie capitaliste qui a toujours eu un peu de mal, dans les périodes de crise, avec la notion de souveraineté populaire, et qui le prouve encore une fois actuellement…

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  • Pour vous trois, je suis un ringard parce que je crois à la notion de Nation. Il est vrai que je ne me reconnais guère dans un certaine philosophie post-moderne qui tend à déconstruire systématiquement (par le biais d’un système de pensée relativiste) les valeurs structurant l’être humain à travers les âges (Nation, famille, religion, sens de la morale et des convenances, etc.) pour leur substituer un nouvel absolu : l’épanouissement inconditionnel de l’individu, censé à libéré de carcans mentaux vermoulus.
    Cependant, fils des débuts de la société de consommation, le soixante-huitard s’est globalement bien accomodé de l’ultra-libéralisme qui lui a permis de « jouir sans entrave » comme il se l’était promis, sans considération pour les générations à venir.
    Puisque vous allez croire qu’un réac comme moi exagère, je vous suggère de vous reporter si possible à bon nombre de numéros de Marianne, de l’Express (même parfois du Nouvel Obs) qui parlaient de « casse du siècle » à propos de la génération Baby-Boom.
    La genèse de la Nation que j’ai évoqué précédemment n’a rien de phantasmagorique : reporter vous à des historiens de renom comme Fernand Braudel, Jean-Pierre Rioux, Pierre Nora, Pierre Rosanvallon (je précise au passage qu’il s’agit d’hommes de gauche…).
    Autre ouvrage que je vous conseille « Vive la Nation » écrit par Yves Lacoste (ex-membre du PCF), docteur d’Etat en géographie et ancien prof à Paris VIII, spécialiste du Tiers-monde et du Maghreb.
    En résumé, les historiens que l’on pourrait qualifier de « déconstructeurs » n’ont pas le monopole de la pensée et ce ne sont pas les mieux considérés…
    Enfin, j’ajouterai que cette pensée eunuque de déni de la Nation, de haine de soi ou de « sans frontièrisme » béat est une très occidentalo-centrée. Allez donc dire à un Chinois, un Brésilien, un Tunisien, un Russe ou que sais-je que le concept de Nation est obsolète, qu’il doit être dépassé par une notion de « citoyen du monde » ou autre fadaise ; à mon avis, votre catéchisme bien-pensant aura du mal à convaincre…

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  • il n’est aucunement question d’être un « citoyen du monde » pour moi polo. Ni d’ailleurs (pour ma part gillou) d’adhérer à une nation européenne. Mon appareil critique me suggère simplement de remettre en cause cette pseudo-idée selon laquelle la nation (construction mentale entre toutes) puisse être un rempart aux oppressions, aux crises et aux abus de pouvoir. Encore une fois vous ne lisez pas assez ce que nous disons et ne répondez pas aux questions que je vous pose… Je sais que vous prenez mal le fait que nous débattions ici d’histoire, mais vous n’avez aucunement le monopole du savoir. Vous vous réfugiez constamment dans les citations sans en comprendre les tenants et les aboutissants… Entre Pierre Nora et vous, il y a un monde entier. Je me lasse de ces débats stériles ou chacun doit dévoiler le plus de connaissances pour prouver ses théories. Je pense que vous vous trompez, que l’histoire vous donne tort, et que la Nation n’est définitivement pas ce que vous imaginez. Instrument des puissants, elle n’existe que par manipulation de l’imaginaire collectif, et n’a jamais, ô grand jamais, apporté ni paix, ni stabilité, ni cohérence chez les populations

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  • Merci Polo49 de poster ces commentaires de grandes qualités, c’est une agréable suprise

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  • A Gilles Delouse :

    Votre remarque est intéressante. Néanmoins, le principe fondateur d’une nation, quel qu’il soit (prenons par exemple la notion française de « plébiscite de chaque jour ») ne s’applique selon moi qu’au sein d’un espace géographique donné ayant un minimum de cohérence.
    Etant moi-même breton, je m’estime faire partie du même pays qu’un auvergnat ou un franc-comtois, d’une part car j’adhère à l’idée en elle-même et d’autre part, parce que nous partageons des valeurs et caractéristiques communes (sans parler de la pesanteur du temps long, autrement dit de l’histoire) suffisamment nombreuses et évidentes pour se dire compatriotes.
    Certes, les diversités régionales et même intra-régionales sont légion en France, mais elles n’entrent fondamentalement pas en contradiction avec le caractère unitaire et indivisible de la Nation.
    Il a va autrement pour l’Union européenne : ses limites ne sont pas clairement définies ; si certains pays ont bien des traits en commun pouvant les rapprocher d’un ou plusieurs autres (religion, langues communes, histoires communes pendant un temps pour le Danemark et la Norvège, la Suède et la Finlande, l’Irlande et le Royaume-Uni…) il n’y a pas d’unité globale entre les différentes parties de l’Europe et par-dessus tout, chaque pays a sa culture et ses spécificités propres, ce qui représente une onction des siècles… Que représente l’épique Kalevala finlandais pour un slovène ? Un grec ressentira-t-il la même émotion qu’un portugais en entendant des notes de Fado ? La notion de liberté et la conception du politique seront-t-elles les mêmes pour un néerlandais et un serbe ? On pourrait multiplier les exemples à l’infini…
    L’Europe n’a de sens que par les pays qui la composent.
    A l’aune de ces constatations, on peut être autorisé à penser que l’Union européenne, au-delà de ses finalités bassement mercantiles et sa bureaucratie tatillonne est une coquille vide et un instrument anti-démocratique.

    A l’As de Madrid :

    Je n’ai nullement la prétention de pondre des oracles et encore moins d’avoir le monopole du savoir, ce qui serait d’une insupportable vanité. Je me suis permis de citer quelques noms (j’aurais pu en citer d’autres, mais ceux-ci ont analysé dans leurs écrits tout ce qui tourne autour du concept de Nation) pour vous démontrer que ce que j’ai évoqué dans mes précédents messages n’est pas totalement absurde et incohérent. J’espère que vous me croirez capable d’avoir les facultés intellectuelles suffisantes pour comprendre le sens global de ce que je lis…
    Vous vous exprimez bien souvent de manière péremptoire, ce qui ne facilite effectivement pas une discussion constructive. Je reconnais qu’il y a effectivement beaucoup à dire sur les vices du système actuel, sur son appropriation par l’oligarchie, sur les corrections à apporter au système représentatif ; je ne vois donc pas en quoi je refuse le débat…

    A Remi :

    Sympa de votre part.

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  • Ping : Poisson Rouge » Sortez de votre bocal ! » Antigone antifasciste

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