Des pandas nazis et l'homme au sac Tati

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Passé de délicieux moments cette semaine à regarder les vidéos de la pub turque Never say no Panda et à chantonner True Love Ways de Buddy Holly en bouffant des sardines-tomates. Puis glissé sur un streaming De Nuremberg à Nuremberg, de Frédéric Rossif, documentaire assez cool sur la Seconde Guerre mondiale, vu dix fois étant gamin tandis que d’autres écoutaient en boucle la Scred Connexion.

La nuit, drôle de rêve, celui de farandoles de pandas courant en maillots frappés de l’aigle allemand, la torche olympique à la patte, faisant le salut nazi dans un stade plein à crouler. 1941 : Pandas pépères dans les tanks kakis dévorant les steppes brûlantes de la petite Russie. 1943 : Pandas potelés se lançant des boules de neige à Stalingrad. 1945 : Combattants éclairs à pattes de velours dans les égouts du Reich avec les troupes d’élites Waffen bébés léopards des neiges.

Réveillé en sursaut. Passé le visage sous le robinet. Sur le  boulevard Barbès, deux Indiens se battent avec des béquilles,  des types  font la queue pour se faire un fix dans les toilettes publiques. Dans le métro aérien, lu André Gide : « Ceux qui craignent les influences et s‘y dérobent font le tacite aveu de la pauvreté de leur âme ».

 

Annoyin' Orange apprenant le ralliement de Medvedev à Poutine - On notera la joie de Marshmallow, Poutinodolâtre devant l'Eternel

 

Arrivé en retard au taff comme tous les jours, je bousille la machine à relier. Prends une pause élastique de deux heures, et file m’empiffrer de phrases acérées et chasse-cafard à la librairie Place Clichy. L’après-midi, je confonds la rue Jean Macé et Victor Massé pour délivrer un colis, retard de deux heures, air catastrophé de mon interlocuteur.

Le soir, rendez-vous à la Cinémathèque avec F. pour aller voir un film sympa. GODDAMMIT. Après cette journée bien pourrie, le type au sac Tati me pique ma place dans la queue. Ce type là exerce sur moi une vraie fascination. C’est la figure titulaire de la Cinémathèque. Il vient à toutes les séances, doté d’un sac Tati et d’un vieil imperméable. Il parle cinéma muet avec son copain : pas difficile, son copain c’est celui qui parle fort à peine entré dans la salle pour montrer à tout le monde qu’il connait par cœur la carrière allemande de Billy Wilder. Mais on croise aussi un sosie de Louis-Ferdinand Céline, qui sent un peu, quand on s’assoit à côté, la poubelle jaune, celle qui échappe au tri sélectif. Attention, tout chuchotement dans la salle est rabroué d’un « chhhht » expéditif. Mais bon film.

Le weekend dernier  je suis allé voir avec ce même F. un film soviétique de 1986, Le visiteur du musée, un des plus beaux film jamais vu, dix spectateurs dans la salle. L’histoire d’un type à valise qui arrive dans une contrée hostile dans le but de visiter un musée, seulement accessible  six jours par an, lorsque la mer se retire. Tourné la même année que Tchernobyl, plans magnifiques, éloge du mysticisme russe, retraités qui pestent dans la salle, pellicule qui chauffe et projecteur qui tombe en rade en plein milieu de la séance. Pure expérience soviétique,  jusqu’au trognon.

Le fan de Billy Wilder, tout excité, en a profité pour alpaguer un autre pote , et dérouler, intarissable, sa connaissance du cinéma soviétique. On craque. Mais on est resté  jusqu’au bout, fascinés par le film.

Me rappelle aussi d’être venu exprès de Lille pour voir Easy Rider, Dennis Hopper, débarqué de sa maison-bunker de Los Angeles pour présenter le film, s’est assis accompagné d’une jolie blonde à côté de moi. Mon cœur au bord de l’explosion, plus heureux que jamais.

Ok, les caissières de la Cinémathèque ont de grosses lunettes en plastique noir et les caissiers des coupes de cheveux étranges, tifs coupés courts sur le côté, tournoyant sur le dessus, turbinés Xavier Dolan. Reste que la Cinémathèque est un bel endroit,cette nuit je ferai des songes de paquets de troufions rouges défilant à Berlin sacs Tati Or à la main.

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3 commentaires sur “Des pandas nazis et l'homme au sac Tati

  • You’ve hit the ball out the park! Inelbdierc!

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