Le système Poutine 2/3

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Par Mask

Suite à la première partie de cette article, je souhaite maintenant vous présenter les différentes forces politiques russes autre que Russie Unie et notamment les forces d’oppositions au pouvoir du Kremlin.

Une fois n’est pas coutume, je les présenterais suivant un mouvement sinistrogyre, de l’extrême-droite vers l’extrême-gauche (bien qu’il est étonnant de voir à quel points leurs avis peuvent converger sur certains points et notamment sur la défense de « l’identité russe »).

Tout d’abord à l’extrême-droite on trouve de nombreux mouvements illégaux clairement néo-nazis dont la rhétorique n’est pas la principale qualité. Leurs « activités » se limitent assez simplement à des ratonnades de Caucasiens ou d’étudiants étrangers de couleur et à des affrontements avec la police ou avec le rares forces antifascistes présentent en Russie. Ces groupuscules ont d’ailleurs fait récemment parler d’eux lors de la Journée de l’Unité nationale, le 4 novembre dernier, en organisant une « marche Russe ». Plus de 7000 manifestants extrémistes ont défilés pendant plusieurs heures en criant des slogans racistes extrêmement violents contre l’immigration et ceux qu’ils appellent « les ennemis de l’intérieur ».

Des drapeaux à la croix gammées sont brandis en début de cortège alors que des saluts nazis ponctuent chaque slogan appelant au génocide des Caucasiens ou aux appels aux meurtres des « traîtres à la patrie ». Sous les regards interloqués ou amusés des passants, des nostalgiques du Troisième Reich défilent en toute impunités sans que cela ne choque personne.

Il est vrai que ces mouvements se sont réveillés ces deux dernières années. On peut expliquer cette recrudescence par l’augmentation du coût de la vie dans les grandes villes ; les Slaves sont de plus en plus nombreux à vivre très difficilement. Le taux de natalité de cette frange de la population est assez faible, et les néo-nazis jouent sur cette peur de la disparition de la race blanche au profit d’autres communautés. Les vidéos de leurs exactions pullulent sur rutube allant de la simple agression gratuite jusqu’au meurtre pur et simple.

A côté de cette extrême-droite illégale, il en existe une toute à fait légale, essentiellement représentée par le Parti libéral-démocrate de Russie (Liberalno-demokratitcheskaïa partiïa Rossii) fondé en 1989 et dirigé par Vladimir Jirinovski (ancien du KGB). Même si ce dernier tant à présenter son parti comme centriste et libéral, il ne fait aucun doute qu’il s’agit uniquement d’un parti ultranationaliste. En témoigne ces différentes propositions du mouvement aux dernières présidentielles (il s’agit bien sûr d’une petite partie de leur programme) :

  • La priorité aux Russes pour le travail.
  • Le port d’armes en Russie « afin que les criminels ne soient pas les seuls à détenir des armes ».
  • L’interdiction de toute revendication de la part des homosexuels et la fermeture de toute association se déclarant comme tel.
  • L’union de la Russie avec la Biélorussie et l’Ukraine.
  • La suppression du poste de Premier ministre, le Président serait donc à la fois chef de l’État et chef du gouvernement.
  • Le développement des armes et de l’armement.
  • L’interdiction des partis politiques « causant le désordre, tout en respectant les différentes opinions de chacun ».

Aux dernières législatives de 2007, le PLD s’est emparé de 40 sièges à la Douma, devenant ainsi la troisième force politique russe en termes de représentation, derrière Russie Unie et le Parti Communiste russe (respectivement 315 et 57 sièges). Aux prochaines législatives qui se dérouleront le 4 décembre de cette année, Jirinovski à déclarer vouloir dépasser les communistes en nombre de siège. Il faut néanmoins reconnaître que l’opposition du PLD au pouvoir en place est assez modérée, ses sympathisants étant redevable à l’administration poutine d’avoir mis fin à la corruption (de façade) et d’avoir redonner à la Russie une place importante dans le concert des nations.

A droite, on trouve une multitude de petits partis libéral plus ou moins affiliés à Russie Unie comme Iabloko (« la pomme » en russe), le Pouvoir civil, l’Union des forces de droite, le Parti démocrate de Russie etc… Ces partis représentent une force électorale mineure (moins de 2% des voix aux législatives) et servent souvent de faire valoir à Russie Unie qui les utilisent à son gré afin de montrer aux observateurs occidentaux le multipartisme du pays.

poisson rouge.info

La figure la plus connue de l’opposition libérale en Europe n’est autre que l’ancien champion du monde d’échec Garry Kasparov. En 2005, Kasparov abandonna la compétition échiquéenne après la victoire au tournoi de Linares. Kasparov poursuit depuis son retrait une carrière politique en Russie. Il fonde en juin 2005 le Front Civique Unifié dont le programme se résume en quatre points principaux :

  • Organisation d’élections démocratiques.
  • Restauration du fédéralisme.
  • Liquidation du système de Nomenklatura.
  • L’État pour les citoyens et non pas les citoyens pour l’État.

Parallèlement il devient un des leaders du mouvement l’Autre Russie, qui est une coalition d’opposition civile russe. Elle regroupe des mouvements assez divers comme le Parti National-Bolchevik d’Edouard Limonov, le parti de Kasparov et des associations de défenses des droits de l’Homme (Memorial, la voix de Beslan…). Le mouvement organisa cinq « Marches du désaccord » qui ont eu lieu le 16 décembre 2006 et le 14 avril 2007 à Moscou, le 3 mars et le 15 avril 2007 à Saint-Pétersbourg et le 24 mars 2007 à Nijni Novgorod. Ces marches revendiquaient un changement du système politique formé pendant les années de la présidence de Vladimir Poutine, caractérisé selon les partisans de L’Autre Russie, par un recul de la démocratie, la suppression des élections à différents niveaux du pouvoir et la modification de la législation sur les partis politiques.

Le 30 septembre 2007, « L’Autre Russie » désigne l’ancien joueur d’échecs Garry Kasparov comme son candidat à l’élection présidentielle de 2008. Le 12 décembre 2007, il annonce son retrait et dénonce l’ostracisme dont il se dit victime.

Une autre des principales forces d’opposition à Poutine n’est pas un parti politique mais une ONG, l’organisation Memorial. Créée par le dissident Andreï Sakharov en 1988, Memorial a pour objectifs de promouvoir un État de droit fondé sur le respect des droits de l’homme, de prévenir le retour du totalitarisme, et enfin de faire la vérité sur les exactions passées et leurs victimes. L’organisation a eu de nombreux problèmes avec le Kremlin notamment à cause de ses critiques dans la gestion du conflit en Tchétchénie. En novembre 2008, une descente de police dans les locaux de Memorial à Saint-Pétersbourg à conduit à la confiscation des archives numériques de l’association.

Plus grave, le 15 juillet 2009, Natalia Estemirova, représentante de Memorial en Tchétchénie et qui enquêtait sur des cas très graves de violation des droits de l’homme, a été enlevée de son domicile à Grozny, en Tchétchénie.  On a retrouvé son corps dans un bois, percé de balles. Le président de Memorial, Oleg Orlov, a formellement accusé du meurtre Ramzan Kadyrov, le président pro-russe (et installé par le Kremlin) de Tchétchénie, affirmant : « Je sais, je suis sûr de l’identité du coupable, nous le connaissons tous, son nom est Ramzan Kadyrov. »

Notons que la célèbre journaliste Anna Politovskaïa, également assassinée le 7 octobre 2007 à Moscou, avait collaborée à de nombreuses reprises dans les publications de Memorial.


Le Poisson Rouge ayant le cœur tendre, et ne souhaitant pas vous embrouiller l’esprit, à pris la peine de découper cette partie en deux. L’exposé des forces de gauche paraitra bienôt. Désolé pour les gourmands…

 

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2 commentaires sur “Le système Poutine 2/3

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