Le système Poutine 2 /3 – la suite

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Par Mask

Mon ego surdimensionné me souffle qu’une foule de lecteurs en délire attend fébrilement la seconde partie de cet article que je vous livre maintenant :

Après avoir passé en revue les forces de la droite et les centristes russes, je souhaite maintenant vous exposer, de la façon la plus objective possible, l’aile gauche de la vie politique du pays. Il est important de comprendre qu’elle n’a que peu de points communs avec les partis de gauche que l’on peut trouver plus à l’Ouest. Ceux de Russie se réclament évidemment du marxisme-léninisme (pour le Parti communiste) ou de la social-démocratie (pour Russie Juste) mais, tous sont des partis nationalistes et patriotes.

Guennadi Ziouganov, dirigeant du KPRF

La principale force de la gauche russe repose sur le Parti communiste de la Fédération de Russie (Kommounistitcheskaïa Partiïa Rossiskoï Federatsii KPRF). Il est fondé en 1993 et est parfois considéré comme un successeur du PCUS et du Parti bolchevique. Même si son influence a fortement baissé lors de la période Eltsine, il reste la deuxième force politique en Russie avec 57 députés à la Douma. Le KPRF est dirigé par Guennadi Ziouganov et même s’il se réclame encore du marxisme-léninisme son programme n’y fait quasiment plus référence. Des collaborateurs externes, comme le philosophe Alexandre Douguine, qui a contribué à pousser le parti dans la direction du nationalisme, ont aidé à le structurer lors de ses premières années d’existence. Lors de l’élection présidentielle de 1996, le KPRF a été soutenu par d’éminents intellectuels comme Alexandre Zinoviev (un ancien dissident soviétique, devenu partisan du communisme à l’époque de la perestroïka), ou le physicien Jores Alferov, qui a reçu le prix Nobel de physique en 2000.

Le bloc national-communiste  « dont les bastions principaux se trouvent dans les milieux militaires et ceux des anciens membres du PCUS » (Ziouganov) revendique donc la continuité historique entre la Russie éternelle et l’URSS, car il s’agit de la même entité géopolitique et culturelle autonome. Ses multiples contradictions internes sont atténuées par la présence d’un ennemi commun qui n’est pas tant l’Occident en soi que l’occidentalisation politico-économique et culturelle du pays. Les nationaux-communistes accusent Eltsine (et Gorbatchev avant lui) d’avoir détruit le statut de grande puissance du pays, de l’avoir livré aux intérêts étrangers et d’avoir bouleversé son économie par une libéralisation chaotique et dévastatrice. Ils espèrent donc reconstituer un Etat russe fort et autonome, veillant à ses propres intérêts nationaux. Ils veulent que l’Etat continue à détenir un contrôle serré sur l’économie et sur les moyens de production. Plus violente encore est l’opposition aux modes et aux mentalités d’origine occidentale, entrées dans le pays dès les premières années de la perestroïka: musique rock, pornographie, occultisme, affairisme, insensibilité aux valeurs nationales, etc.

Observons qu’au niveau politico-économique, nous avons une réelle confluence d’idées nationalistes et communistes, mais, dans le domaine culturel, l’élément communiste semble n’avoir que fort peu de chose à offrir dans cette alliance. En Russie, le marxisme-léninisme est aujourd’hui complètement discrédité et les communistes, mieux organisés et aussi plus nombreux que les nationalistes, ont adopté complètement les linéaments culturels du nationalisme.

Le parti Russie Juste est un parti politique constitué le 28 octobre 2006 comme une fusion de Rodina (Patrie), du Parti russe de la Vie et du Parti russe des retraités. Sergueï Mironov, président du Conseil de la Fédération russe, en est le président. Il s’agit de la quatrième force politique représentée à la Douma et possède actuellement 38 sièges. Le programme de ce parti comprend essentiellement des propositions à caractère social, comme l’instauration d’un SMIC et l’amélioration de la protection des citoyens, financées par le Fonds de stabilité (qui est lui-même alimenté par les revenus pétroliers), une fiscalité plus juste, le renforcement de la lutte contre la corruption… Il n’y a rien là que ne puisse soutenir le parti présidentiel Russie unie! On y chercherait en vain une remise en cause de la mainmise du clan au pouvoir sur l’économie russe, non plus que la moindre condamnation de la politique de celui-ci en Tchétchénie, ou même une allusion à la situation de déliquescence que connaît l’armée russe, même si Russie Juste propose une réduction de la durée du service militaire (de trois à deux ans).

S’il souhaite contester les politiques menées par Russie unie, le parti soutient fermement l’actuel président Dmitri Medvedev et son premier ministre Vladimir Poutine. Chose pour laquelle on lui a reproché de n’avoir d’un parti d’opposition que le nom. Mironov, pour sa part, a soutenu que la création de Russie Juste permettrait l’établissement d’un nouveau système de bipartisme en Russie, et que son nouveau groupe pourrait à terme limiter l’hégémonie de Russie unie sur la Douma, chambre basse du parlement russe. Russie Juste est aussi politiquement plus à gauche que Russie unie, qui est considérée plus favorable au libéralisme économique. L’ex-dirigeant de Russie unie, Boris Gryzlov, a déclaré qu’il considère son parti comme un parti conservateur, tandis que le site Web de ce dernier porte le slogan « Nous sommes le parti de l’homme du travail ».

Le 22 décembre 2007, le parti a voté à l’unanimité en comité central son soutien à la candidature de Dmitri Medvedev en vue de l’élection présidentielle de 2008. En 2010, le parti s’accorde avec Russie unie pour soutenir le tandem qui dirige le pays.

Dans la prochaine et dernière partie j’aborderai la vision toute particulière que Vladimir Poutine a de l’exercice du pouvoir.

PS : Certains pourraient s’étonner de l’absence du parti national-bolchévique de Limonov et de Douguine et ils auraient raison. Cependant, cet OVNI de la politique que forme cette formation nécessite une explication plus complète. Le Poisson Rouge a donc décidé de lui accorder, ainsi qu’aux groupuscules européens se réclamant de son idéologie, un article qui lui sera entièrement accordé et qui sera publié dans les jours qui viennent.

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4 commentaires sur “Le système Poutine 2 /3 – la suite

  • Bonjour,

    Outre les très nombreuses fautes d’orthographe, je tenais à vous signaler deux graves erreurs dans les photos utilisées en illustration de l’article:

    1. Sur la partie précédente (sur l’extrême droite), l’homme présenté comme Jirinovski est en fait Louzhkov, l’ex maire de Moscou…

    2. Dans cet article, la photo de Ziuganov est fausse également, il n’a pas du tout cette tête, d’ailleurs en passant le curseur sur la photo, le nom « Mikhail Kasyanov » apparaît…

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  • Merci cher visiteur, ces erreurs ont été corrigées.

    Le responsable de ces erreurs se verra offrir un mémory avec les photos de tous les dirigeants russes et sera obligé d’y jouer au moins trois heures par jour pendant un mois.

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  • Quelle réactivité! Très bonne idée que ce memory :)

    Pardonnez-moi si mon ton était un peu agressif.

    Bonne soirée!

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  • De nos jours, pour jouer au journaliste, il n’est pas nécessaire de maîtriser l’orthographe de sa langue maternelle, seule la propagation d’une pensée politiquement correcte suffit.

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