37 millions de Français spoliés

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Il y a des fois, où on aimerait avoir tort, vraiment. C’était le cas hier, ici même : en exposant la volonté du gouvernement de maintenir le taux du livret A à 2,25% au lieu de l’augmenter à 2,75%, comme la loi française l’y oblige, je me disais quand même qu’ils n’oseraient pas, que ce serait quand même trop gros, et que c’était juste un ballon d’essai, comme les centaines d’autres auxquels le sarkozysme nous a habitués.

Mais hier dans la soirée, François Baroin annonce qu’il va suivre les recommandations du gouverneur de la Banque de France et ne pas procéder à l’augmentation du taux. En clair, pour les 37 millions de Français détenteurs d’un livret A, ce sont plus de 600 millions d’euros qui partent en fumée sur la simple volonté d’un ministre. Les raisons invoquées feraient presque rire si ce qu’il y avait derrière n’était pas triste à pleurer : il ne faut pas relever le taux, car selon les prévisions pour l’inflation, il faudrait le réévaluer à la baisse le 1er mai prochain… pendant la campagne présidentielle. Outre le fait que ces prévisions soient discutées par la plupart des économistes, et que prévoir à six mois dans le contexte actuel d’une crise de l’euro me paraît un objectif bien hasardeux, c’est évidemment le côté purement électoraliste qui fait bondir : le maintien du taux a été décidé uniquement pour que Nicolas Sarkozy, qui sera alors un candidat au poste de Président comme les autres, n’ait pas à assumer la baisse des taux ! C’est donc officiel : c’est désormais l’ensemble des citoyens français qui finance la campagne de Sarkozy… et une campagne à plus de 600 millions d’euros, ça fait un peu cher quand même !

Deux choses sont à retenir dans ce scandale : la méthode, et le traitement médiatique… comme d’habitude !

La méthode utilisée par le gouvernement, parce qu’elle est révélatrice du peu de respect qu’a le sarkozysme pour les institutions démocratiques et républicaines. Plutôt que de changer la loi, en passant par le Parlement, et en lançant donc un débat national sur le Livret A, c’est par une décision arbitraire du gouvernement que l’avenir financier des placements de plus de la moitié des Français est décidé. Niveau démocratie, on a vu mieux quand même…

Le traitement médiatique, parce qu’il est encore plus hallucinant qu’à l’habitude. Un tel sujet, qui concerne non seulement 37 millions de titulaires, mais aussi une des institutions financières les plus anciennes de France devrait faire la Une de tous les journaux papiers, et les gros titres à la télé et à la radio. Mais non ! Les sujets du jour ? Le premier tour de la présidentielle est dans 100 jours, les Français sont des fainéants qui travaillent moins que les Allemands, et le vendredi 13, il faut jouer au Loto. Pas un mot sur le livret A à la une des quotidiens nationaux, le sujet même pas évoqué au journal de 8 heures de France Inter (le plus écouté de France)… Quand je vous disais que c’était hallucinant…

Le gouvernement Sarkozy poursuit dans un silence assourdissant son entreprise de vandalisme entamée il y a cinq ans, et s’attaque à une institution de plus après l’École, les hôpitaux, les tribunaux, la Cour des Comptes… Vivement que ça se termine !

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