Create, Culture or Copyright

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Le problème avec l’actualité au sens journalistique du terme, c’est qu’une actu en chassant une autre, on a rarement la possibilité de s’en emparer réellement. Alors n’allons pas plus vite que la musique téléchargée et arrêtons-nous sur ce qui a fait l’Actu de la semaine dernière, la fronde des Anonymous. Pas la peine de rappeler les tenants et les aboutissants du sujet, il suffit de relire l’excellent* article de Gilles Delouse de la semaine dernière. Dans un premier temps il faut noter que ces nouvelles attaques semblent marquer une transformation du mouvement Anonymous. Ce regroupement de hackers, étant à l’origine plutôt élitiste avec des objectifs peu ou prou politiques, apparaît  dorénavant comme un mouvement de « masse » (par le système Doss), populaire et bien plus politique, visant notamment la défense de la liberté sur le net. Mais ces attaques et l’origine de celles-ci (la fermeture du site Megaupload et l’arrestation de ses géniteurs), devraient surtout nous amener à nous poser d’autres questions portant sur le fond de l’affaire plutôt que sur la forme.

En effet, sur le fond ces attaques remettent en cause l’état actuel du web par rapport aux « biens culturels » auxquels nous avons accès (ou pas) et les lois liberticides qui se sont développées ces quinze dernières années et plus généralement la notion de propriété intellectuelle. Plus simplement ces attaques devraient nous amener à mettre sur le tapis la question du Copyright, entrave absolue du net mais aussi d’ailleurs. Et miracle au grand miracle, le poisson rouge vous a dégoté un documentaire qui traite justement de ce sujet : RIP ! Remix manifesto ou Manifeste du DJ.

RIP ! Remix manifesto

« Ce film parle d’une guerre. Une guerre d’idées. Le champ de bataille ? Internet ». Cette phrase de Brett Gaylor (réalisateur du Film) qui intervient dès les premières minutes du film, résume parfaitement son esprit. L’enjeu posé est l’affrontement entre deux notions radicalement opposées : les notions de domaine public et de domaine privé.  En clair, le documentaire a pour ambition de dénoncer la privatisation des productions de l’esprit par le biais du Copyright, comme frein à la créativité. Pour Brett Gaylor, le Progrès par la créativité ne peut se faire qu’en permettant au plus grand nombre de s’inspirer des œuvres d’autrui, pour qu’elles puissent évoluer, se transformer et s’améliorer. La solution, selon le réalisateur, serait donc de faciliter l’entrée des productions intellectuelles dans un domaine public sur internet qui, par définition, est accessible à tous. Centré sur les « biens culturels », le réalisateur ne s’y limite pas.

Poisson rouge

La trame du Documentaire est assez simple. Brett Gaylor, fan de mash-up (échantillonnage de morceaux existants pour en créer un nouveau) craint que son artiste préféré Girls Talk, alias Gregg Gillis, ne puisse plus créer de musique à cause du système du Copyright et des sanctions financières qui en découlent (les sanctions se comptant en millions de dollars par album). Il décide donc d’aller à la rencontre de différentes personnalités comme l’écrivain Cory Doctorow, l’Avocat Lawrence lessig qui est à l’origine des licences Creative Commons ou encore le Musicien et ancien Ministre de la Culture du Brésil, Gilberto Gil, pour voir s’il est possible de dépasser le système du copyright.

Par exemple on apprend grâce à ce documentaire que Walt Disney, qui est l’une des sociétés les plus agressives en matière de poursuites judiciaires concernant le Copyright, est en fait l’une des premières à avoir fait du mash-up. Les trois quarts des dessins animés de Walt Disney sont largement inspirés d’œuvres existantes. Entre autre Alice au pays des merveilles inspiré de l’œuvre de Lewis Carroll, Cendrillon largement emprunté à l’œuvre de Charles Perrault ou encore Blanche Neige dont l’inspiration est à chercher du côté des Frères Grimm. Autre exemple, aujourd’hui il est impossible de siffloter Happy birthday sans devoir reverser des droits d’auteurs à la compagnie Warner, n’étant pourtant pas à l’origine de la création de cette chanson (composée par les sœurs Hill en 1893), mais qui a reçu du gouvernement des USA le droit de la privatiser.

Brett Gaylor tente donc de mettre en évidence dans son documentaire l’absurdité du Copyright, mais aussi ses dangers. Le système du Copyright ne touche pas simplement les « biens culturels », il s’étend aussi aux innovations dans le domaine de la Santé qui empêchent n’importe quel chercheur à s’intéresser à un sujet lorsque celui-ci est breveté, ce qui limite les possibilités d’innovation.

A la lumière des récentes attaques du groupe des Anonymous et des documentaires comme celui de Brett Gaylor, on se rend compte qu’il y a matière à débattre et notamment à remettre en cause les politiques gouvernementales au sujet du contrôle du net. En France, nous allons peut-être assister à un débat sur la Loi Hadopi, sur le fond mais aussi sur ses objectifs. Un exemple, la formule piratage=mort financière des artistes. Selon un grand nombre d’enquêtes passées sous silence, les « pirates » du net, c’est-à-dire toutes les personnes qui téléchargent, sont paradoxalement les plus gros consommateurs de « biens culturels » (légalement consommés). D’autre part on pourrait s’intéresser au fait que les personnes qui n’ont pas les moyens d’aller à des concerts ou d’acheter des DVD, ne représentent pas au final un manque à gagner. Quelle est donc l’utilité de les empêcher de télécharger et plus généralement de leur supprimer un accès à la Culture. Enfin on peut citer l’histoire de Steve Lieber, auteur de la bande dessinée « Underground ». Après avoir constaté le piratage de son œuvre sur le net, Steve Lieber est allé discuter avec les pirates au lieu de saisir la justice. Au bout de quelques temps, le nom de la BD a commencé à tourner sur les forums et les ventes de celle-ci ont ensuite explosé.

 

source : http://www.onf.ca/film/rip_remix_manifesto

*Gillou tu me dois 10 balles pour la pub.

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Un commentaire sur “Create, Culture or Copyright

  • J’avais jamais pensé à l’exemple de Walt Disney… C’est flagrant, c’est énorme (comme dirait l’autre)

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