La valse des vieux démons frontistes

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En meeting dimanche 29 janvier à Perpignan, la candidate du Front National a ressortit des placards les thèmes de campagne chers à son père pour flatter l’électorat historique du Front quelque peu malmené par la nouvelle direction prise par le parti.

Celle-là même qui a voulu redorer l’image du Front en excluant les crânes rasés à l’extension du bras droit conclusive et en faisant le ménage parmi les vieux compagnons d’armes de son père, n’en reste pas moins la digne héritière de la dynastie Le Pen. L’actuelle présidente frontiste est arrivée par l’arrière de la salle pour ensuite remonter l’allée centrale, encouragée et ovationnée par des militants en transe. Une fois sur scène, elle arpente la tribune en improvisant la plus grande partie de son discours, à la manière de papa. La candidate à l’Elysée a repris toutes les thématiques classiques du FN pendant un discours de plus d’une heure et demi axé en grande partie sur la valeur du travail devant un public de 2000 personnes entièrement acquis à sa cause.

Dans l’ex-circonscription de Pierre Sergent, ancien responsable de l’OAS et député FN de 1986 à1988 dans une ville où la communauté des rapatriés de l’Algérie a encore une réelle influence, Marine Le Pen, qui veut incarner le visage moderne du FN n’a pas oublié de s’adresser à ce noyau dur de son électorat : « Je ne peux commencer cette intervention sans m’exprimer auprès des rapatriés et des Harkis au moment où, pour des raisons inimaginables, Sarkozy envisage les Français comme des secteurs commerciaux ». Aux rapatriés d’Algérie, elle a promis une loi-cadre, afin de régler leurs « problèmes patrimoniaux et moraux ». Cinquante ans après les accords d’Evian et la fin de la guerre d’Algérie, chaussant les rangers de son père, officier légionnaire parachutiste à Alger pendant cette période, elle a réaffirmé son « opposition à toute commémoration du 19 mars 1962 ».

A l’applaudimètre, ce ne sont pas les considérations sur l’euro qui fonctionne. A chaque fois que Marine Le Pen revient à l’immigration son nom est scandé, les pieds tapent sur le sol. Dans cette ville qui compte la plus importante communauté gitane d’Europe occidentale, le succès est garanti au passage stigmatisant sur les Roms touchant le RSA et roulant en grosse berline. Comme si le reste, la crédibilisation du Front dont on parle tant, servait aussi et d’abord à libérer cette dimension-là. D’ailleurs, la salle témoigne que le dédiabolisation du Front n’est pas totalement achevée : entre les retraités et les jeunes gens il n’y a quasiment personne. Comme si les commerçants, les employés, le monde du travail auquel Marine s’adresse pourtant avec fougue, en s’estimant à tort être leur porte-parole, craignaient encore un peu de se montrer à un meeting frontiste : on vient s’afficher avant ou après la vie active. Fidèle au principe frontiste de préférence nationale, la candidate a réaffirmé son credo pour un patriotisme social qui sauverait la protection sociale, la solidarité nationale devant être réservée « aux Français et aux gens honnêtes ». La candidate du Front national n’a pas manqué d’épingler ses adversaires à la présidentielle, François Hollande et Nicolas Sarkozy, « deux épiciers qui se fournissent chez le même grossiste ».

Elle est aussi revenue sur son voyage à Vienne, le vendredi 27 janvier, où elle a participé à un bal de l’extrême droite autrichienne, et qui a fait polémique. « Il y a quand même des limites à l’insulte et à la diffamation », a-t-elle dit faisant références aux attaques de l’Union des étudiants juifs de France et de SOS Racisme l’accusant d’avoir participé à un bal de néonazis.

Quelques heures plus tôt, interrogé sur le sujet sur France 3, Jean-Marie Le Pen, président d’honneur du FN, s’est laissé aller à faire un nouveau « bon mot ». Pour lui, ce bal organisé par l’extrême droite autrichienne, « retraçait le Vienne du XIXe siècle » et que c’était « Strauss, sans Kahn ».

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