L’hypocrisie en HD

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Les évènements de la grève générale des 10 et 11 février, et ceux de la journée de mobilisation du 12 février 2012 ont été largement relayées par les médias français et européens. A la télévision et sur le net, M. Molotov est l’acteur principal au côté de la tendre Mme Police. Les images d’affrontements, d’incendies, des motos Delta, et des arrestations sont sur tous les écrans. Tous le monde jubile : les nombreux militants qui peuvent désormais suivre les évènements sur le terrain minute par minute certains d’entre eux rêvent de rejoindre les rangs du black bloc hellénique et des groupes médiatiques qui explosent leurs audiences et qui trouvent un bon prétexte pour ne pas parler de la révolution syrienne, fatigués par un printemps arabe qui prend des airs de décennie.

Cependant, la lutte que mènent les organisations anarchistes et les syndicats grecs contre leur gouvernement et contre l’Europe et le FMI, n’est pas expliquée. Rares sont les journalistes qui prennent le temps de clarifier la situation économique du pays. Les conclusions des médias sont souvent identiques : « les grecs vont devoirs payer, même si ça ne leur plaît pas… Il y a des manifestants mais ça ne doit pas empêcher l’Europe de poursuivre son processus », indiquant par là qu’ils n’ont rien compris au sujet. C’est en jouant sur la peur du soulèvement que les gouvernants occidentaux espèrent faire taire les volontés de changement en France, en Allemagne et en Angleterre, où des rassemblements en solidarité au peuple grec ont eu lieu devant les ambassades.

Le salaire minimum est amputé de 22% alors que les prix restent stables. 29% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté. Les libertés et les droits sont en reculs. La situation des services publics (écoles, hôpitaux…) est désastreuse, les fonctionnaires connaissent de nombreux retards sur les versements des salaires. L’ensemble de l’action politique gouvernementale est dirigée contre les salariés. Salariés à qui on demande de réduire drastiquement leur consommation dans l’objectif de renflouer les caisses des banques créditrices de l’État. Et à chaque journée de grève générale, télés, radios et journaux jouent les étonnés. La surprise est générale face au déchaînement de violence à Athènes et Salonique. Chaque nouveau cocktail qui passe à l’image, leur fait l’effet du premier qu’ils voient. Les années 2008 à 2011 ont été vite oubliées par les pros de l’actualité.

L’hypocrisie la voilà. Au lieu de rappeler que le peuple de Grèce subit une dictature européenne. Au lieu de souligner que la Grèce fait office de variable d’ajustement pour l’euro. Au lieu de dire que la répression policière a blessé des centaines de manifestants et en a emprisonnés autant encore. Au lieu d’expliquer la stratégie du FMI et de la BCE qui consiste à faire payer à la Grèce les dettes des banques françaises et allemandes. Les groupes médiatiques s’obstinent à montrer le feu sans dire comment il a été allumé. Les patrons de presse préfèrent le sensationnel. Et personne n’a envie de s’élever contre le régime économique. L’ordre des choses est plus reposant qu’une lutte dans laquelle de nombreuses têtes pourraient tomber.

L’annonce de la candidature de Sarkozy n’est pas un évènement, sauf qu’elle donne le top départ de la campagne officielle. Et si proche du but, que se passerait-il si le sortant était accusé d’avoir participé à la faillite de la Grèce, en collaboration avec Merkel et Strauss-Kahn ? L’opinion publique nous le dira…

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