Camarades poissons et poissonnes (à moins que poisson soit un épicène), notre société est encore bien arriérée. Chacun et chacune commence à savoir à partir de 10-12 ans, alors que ça pourrait être compris bien plus tôt, qu’il faut faire attention quand on batifole à ce que la petite graine ne rencontre pas le pistil sinon ça peut faire des bébés dans le ventre de la femme. La société en profite pour glisser un principe de précaution vis-à-vis des MST : il faut aussi se protéger des maladies qu’on peut se transmettre pendant les culbutes. L’information se transmet assez bien en ce siècle, tant que les religieux ne viennent pas ajouter des messages contradictoires.
Sur le premier point des petites graines et des pistils, vous aurez constaté qu’une fois le cap des MST franchi dans le cadre d’une relation de confiance, se posent les questions de contraception. En matière de contraception, ce sera dur à contredire, on peut affirmer que les femmes ont clairement le « monopole ». Et quel monopole !
De nos jours, il existe plein de mécanismes, du plus ingénieux au plus loufoque, pour que les milliards de graines assaillant l’unique petite fleure fertile se trompent de direction ou s’arrêtent avant le monter le col. Tous ces mécanismes fonctionnent avec 80 à 95% de réussite et sont tous exclusivement à la charge de la productrice de cette unique petite fleur fertile. Et ça, ça perturbe mon jeune esprit cartésien. Comment la médecine qui est censée guérir, mais aussi prévenir, peut elle s’atteler à trouver des mécanismes qui ne traitent jamais la source du risque ?
Prenons l’image de l’eau qui coule, le plombier a prévu de pouvoir l’ouvrir ou le fermer, avec un robinet. Il ne s’est pas dit, « bon bah chaque fois que ça devra couler, on va prévoir un truc pour que ça coule vers un autre endroit ou que ça se bloque ou que ça s’évapore en portant l’eau à ébullition… ». Concrètement, loin de moi l’idée de dire que le producteur du milliard de flagelles est plus responsable, nous sommes tous égaux, mais pourquoi n’a-t-il absolument aucun mécanisme de contraception à sa disposition ?
Non, depuis des décennies, il a paru plus facile aux hommes médecins de sevrer la production de la petite fleur, ou de barricader l’arrivée – parce qu’en situation de pouvoir c’est plus facile – que de travailler sur le départ. Quand on voit les effets secondaires sur les femmes, les confrontations régulières aux médecins et les intrusions dans leur vie privée , on comprend l’injustice fondamentale de ce fonctionnement moyenâgeux ou la femme-serf doit se protéger des assauts du (voire des) seigneur(s).
Mais retournons la question, du point de vue de l’homme : est ce normal de ne pas avoir droit à la contraception ? Certes, une contraception masculine efficace poserait quand même un problème de responsabilité car si l’homme se merde, oublie, ou que les 5% à 20% de mauvais karma passent à l’acte, ce n’est pas dans le ventre du bonhomme que le problème se poserait. Sauf que, si au lieu d’injecter 15 tonnes d’hormones à l’année d’un côté, et une capote quand ça veut bien de l’autre, on réfléchissait à répartir la gestion du risque, ce serait, d’abord, un grand pas pour l’humain.
On me dit que des recherches sont en cours pour des techniques qui arrêteraient la production de spermatozoïde ou les rendraient inertes mais que la médecine (ou plutôt le médecin) n’arrive pas à garantir la réversibilité. J’ai du mal à y croire. N’étant pas médecin, je respecte la recherche mais je me demande comment on ne pourrait pas endormir les bourses pour les réveiller plus tard, moyennant quelques années d’un travail consciencieux et volontaire sur la question. On sait bien bordéliser la production des petites fleurs pour que ça ne fasse plus de bébé. Il faut reconnaître que c’est sans doute un peu plus facile, il y en a une à deux par mois contre des milliards à chaque fois à l’autre bout. Mais je pars du principe que tout est possible, et que ce n’est qu’une question de pouvoir et d’argent.
Crédits image : Andrew Morrow
