L’IUFM du 93 déclare la guerre au voile

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La polémique sur l’interdiction du port du voile à l’université semblait être enterrée depuis que Manuel Valls avait affirmé le 6 mars dernier qu’elle n’était «absolument pas d’actualité». Pourtant, force est de constater que dans certains établissements, des enseignants font la sourde oreille et s’obstinent à vouloir interdire «les signes religieux» au risque de déclencher la colère et l’incompréhension des étudiants.

C’est du côté des ESPE (Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education, anciennement IUFM), où les professeurs sont formés, qu’est venu le premier feu. Et plus particulièrement de l’ESPE de l’Académie de Créteil, qui regroupe le 93, le 94 et le 77.  A la suite d’une réunion intersyndicale, les formateurs des établissements ont en effet décidé de proposer l’interdiction des signes religieux au prochain conseil qui se réunira le 19 mars. Ce qui s’est dit lors de cette intersyndicale n’est pas encore connu dans le détail. Pour autant, on sait que cette interdiction ne devrait concerner que les étudiants qui ont déjà obtenu un concours d’enseignement et qui suivent les cours à l’ESPE.

Initiative discriminante

Pour certains, cette initiative apparaît comme clairement discriminante. Juan, jeune instituteur en formation à Livry-Gargan (93) explique : «C’est déjà une situation très compliquée. Nous sommes la moitié du temps devant nos élèves, et l’autre moitié du temps en formation, à la fac (L’ESPE du 93 dépend de l’Université Paris 12). Donc les collègues qui portent le voile l’enlèvent déjà quand elles travaillent dans leurs écoles puisque c’est la loi. Mais ici à l’ESPE, on n’attend pas de nous le même comportement que sur notre lieu de travail. Si je veux venir ici avec un jean troué par exemple, je peux. Par contre quand je suis instituteur, il en est hors de question»

Dans un communiqué, le syndicat Solidaires indique à son tour «qu’il n’a jamais été question que des règles valables lors des stages s’appliquent aux étudiant-e-s lorsqu’ils et elles se rendent en cours. Il n’y a pas de raison pour que cette situation soit différente dans le cadre des masters d’enseignement. Nous exigeons par ailleurs que cessent les humiliations des étudiantes portant le voile – des remarques racistes au refus de les accepter en cours.»  De nombreux récits atterrants témoignent en effet des discriminations subies par les étudiantes lors de leur passage à l’ESPE.

L’ESPE de Livry-Gargan (93)

Une charge symbolique importante

Juan continue : «oui il y a bien quelques collègues qui portent le voile quand elles suivent les cours ici. Je dirais qu’elle doivent être à peine un vingtaine en tout, en Master 1 et 2. Dans le 93 où nous travaillons, ce genre d’initiative peut être vraiment dévastatrice. L’Education Nationale est en effet une passerelle importante pour l’intégration et l’ascension sociale dans ce genre de département. Dans ma classe de Master par exemple, les trois quarts des étudiants sont issus de l’immigration. A partir de là, ce n’est pas anodin de remuer une telle polémique. On sait très bien que cela servira simplement à pointer du doigt des individus, qui sont certainement par ailleurs de très bons enseignants, et à les disqualifier auprès des autres ou de l’administration. On n’a pas besoin de ça. Et dire que ce sont les syndicats qui proposent ça, c’est vraiment une honte.»

Le conseil de l’ESPE de l’Académie de Créteil devrait rendre son avis sur cette interdiction le 19 mars. Affaire à suivre.

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