Ce que vous ne lirez pas (ailleurs) sur Radio France

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Et Fleur Pellerin découvrit la lutte des classes. Cela se fit un matin, lorsqu’elle allumait sa radio pour écouter Philippe Lefébure et qu’à la place de la litanie libérale habituelle, elle n’entendit que de la musique. Radio France était en grève. Une bonne vieille grève à l’ancienne, du genre que tout le monde remarque. Une grève du désespoir, pour lutter contre un projet de plan social. Le genre de grève qu’on était plus habitué à voir du côté de la Lorraine ou de la Maurienne que dans le XVIème arrondissement de Paris.

Et pourtant, il manque bien une vingtaine de millions d’euros à la radio publique pour boucler son budget 2015. Comme pour n’importe quelle entreprise privée, une seule solution est envisagée par l’actionnaire : réduire les « charges » que représentent les salariés. Et le PDG d’obéir, le petit doigt sur la couture du pantalon. Sauf qu’ici, l’actionnaire, il n’y en a qu’un, c’est l’État. Un État qui n’hésite pas, pour tenter de légitimer son injustifiable stratégie, à lancer une campagne médiatique insidieuse sur le soi-disant exorbitant coût des orchestres ou sur la « gabegie » qui règnerait dans la Maison Ronde.

En réalité, il est facile de comprendre d’où vient le trou du budget de Radio France : il suffit d’aller regarder les projets de loi de finance et les rapports parlementaires qui vont avec. L’essentiel des recettes de Radio France (plus de 90%) provient d’une dotation de l’État, qui correspond au reversement de la fameuse redevance, que paient la plupart des contribuables en même temps que leurs impôts locaux. Or depuis 2012, alors que cette même redevance continuait d’augmenter, la dotation de l’État, elle, baissait : de 630 millions d’euros en 2012, elle n’était plus que de 615 millions en 2014.

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Pourquoi cette baisse ? Pour une « contribution au redressement des comptes publics ». Ce n’est pas moi qui le dit, mais le Sénat ! Le même Sénat qui souligne qu’en 2014, la dotation prévue par l’Etat dans le contrat qui la lie à Radio France aurait dû être de 648 millions, soit une différence de 33 millions d’euros par rapport aux 615 millions effectivement versés. Bien plus que le trou à combler dans le budget !

Réécrivons tout cela plus clairement. À partir de 2013, le gouvernement socialiste met en place sa politique d’austérité. Pour faire les économies, il tape sur tous les services publics, y compris sur Radio France. La radio, au prix de sacrifices que rappellent les salariés en grève, parvint à faire face au choc au départ, mais après trois années au pain sec et à l’eau, il n’est plus possible de tirer sur la corde. Et aujourd’hui, ce sont 200 à 300 emplois sur les 4300 de la radio publique qui sont menacés.

Il y a le feu à la maison de la radio

Il y a le feu à la maison de la radio

Cela n’est jamais agréable d’être dans la position de celui qui avait raison avant tout le monde. Mais nul ne peut désormais nier l’évidence : l’austérité comme credo conduit à la ruine du service public. Aujourd’hui, c’est Radio France qui est touchée. Demain les collectivités locales. Et après-demain ?

Il existe peut-être dans ce sombre tableau une lueur d’espoir. Puisque Lefébure et ses complices ne peuvent plus déverser leur soupe habituelle dans ses oreilles, notre chère Fleur Pellerin finira peut-être par tomber sur Radio Libertaire. Et qui sait ? Elle pourrait comprendre enfin ce que ça signifie, la lutte des classes.

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