M comme… Mussolini

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Cet article marque l’arrivée d’une nouvelle rubrique sur le Poisson Rouge :  l’abécédaire de Gilles Delouse.  Dans un élan de mauvaise foi radicale, ce n’est plus seulement le nom de Deleuze que j’entends usurper, mais son oeuvre toute entière… L’équipe du Poisson Rouge n’a jamais fait dans la demi-mesure, ce n’est pas aujourd’hui qu’elle va commencer !

La publication la semaine dernière de la vidéo Fachos.com a, c’est le moins qu’on puisse dire, rameuté une faune assez… particulière sur le Poisson Rouge, j’ai nommé les lecteurs de fdesouche (entre autres). En cherchant à répondre à une vidéo dont l’un des messages est que l’extrême-droite avance camouflée et s’adonne à des manipulations historiques et idéologiques grossières pour tromper les gens à qui elle s’adresse, ces nouveaux venus se sont transformés en preuves vivantes de ce fait, en débitant à l’envi leur gloubi-boulga révisionniste.

Parmi les thèmes que l’on pouvait y retrouver, celui qui revenait le plus souvent (et qui se répand de plus en plus ailleurs) est sans doute le suivant : le fascisme et le nazisme sont des idéologies de gauche, puisque des socialistes y ont pris part, voire les ont fondées.

L’exemple qui revient le plus souvent est évidemment celui de Benito Mussolini, qui a effectivement été membre du Parti Socialiste Italien jusqu’au début de la Première Guerre Mondiale, puis a évolué jusqu’à la fondation du Parti Fasciste. En rappelant cette jeunesse socialiste, et en passant sous silence toute la période 1914-1921, nos amis fdesouchiens pensent arriver à démontrer que le fascisme et le socialisme participent d’une même essence.

Mimikry, collage de John Heartfield pour le Arbeiter-Illustrierte-Zeitung, 1934. "Quand toutes les tentatives de faire adhérer la classe ouvrière aux idées national-socialistes eurent échoué, Goebbels eut une ultime idée : il persuada le 'Führer' de s'adresser désormais aux ouvriers affublé de la barbe de Karl Marx"

Outre le fait qu’être membre d’un parti n’a jamais rien garanti quant à la pensée de qui que ce soit, c’est évidemment aller un peu vite en besogne que de faire ce raccourci pour le moins vaseux. Pour régler définitivement cette question, voici un extrait du premier discours de Benito Mussolini au Parlement Italien, le 21 juin 1921 (source) :

Finché i comunisti parleranno di dittatura proletaria, di repubbliche più o meno federative, dei Sovièts, e di simili più o meno oziose assurdità, fra noi e loro non ci potrà essere che il combattimento. […] Però vi dico subito che ci opporremo con tutte le nostre forze a tentativi di socializzazione, di statizzazione, di collettivizzazione ! (Commenti). Ne abbiamo abbastanza del socialismo di Stato ! […] Se voi volete salvare lo Stato, dovete abolire lo Stato collettivista («bene!»), così come c’è stato trasmesso per necessità di cose dalla guerra, e ritornare allo Stato manchesteriano.

Autrement dit, traduit par mes soins :

Tant que les communistes parleront de dictature du prolétariat, de république plus ou moins fédérale, de Soviets, et d’autres absurdités plus ou moins oiseuses, il n’y aura entre eux et nous que la guerre. […] Mais nous vous disons maintenant que nous nous opposerons de toutes nos forces aux tentatives de socialisations, d’étatisation, de collectivisation ! (Commentaires) Nous en avons assez du socialisme d’Etat ! […] Si vous voulez sauver l’Etat, vous devez abolir l’état collectiviste ( » Bien ! ») tel qu’il nous a été transmis par la force des choses de la guerre, et revenir à l’État manchesterien.

Je pense que cela sera suffisant pour prouver que le fascisme n’a plus rien de socialiste. Au contraire il se définit en totale opposition à celui-ci. Or s’il est bien une chose qui fait l’unanimité quant à la définition de ce qui est la gauche, c’est la référence au socialisme, aussi bien chez les réformistes que chez les révolutionnaires, aussi bien chez les sociaux-démocrates que chez les communistes.

Cet anticommunisme du fascisme italien, que le nazisme partage évidemment, est intéressant par ailleurs, comme facteur explicatif de certains revirements de bord au sein d’autres tendances de la gauche. En politique et dans les jeux de pouvoir, les alliances se font bien plus souvent contre des ennemis communs que sur des accords idéologiques.

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Un commentaire sur “M comme… Mussolini

  • Le fascisme est en fait tout à fait de droite: ses soutiens de classe (surtout artisans, petits commerçants, militaires, haute bourgeoisie, petite bourgeoisie qui flippe lors des troubles), son programme économique (corporatisme assumé, suppression de tous les droits sociaux), mensonge « social » justement (populisme, critiques en l’air du « capitalisme mondialiste » pour un retour au capitalisme national), militarisme, impérialisme, chauvinisme, barbarie dans les pratiques, « unification » de la nation par l’acharnement sur une minorité, appel à des valeurs fantasmées sensées dépasser les classes sociales, et… anticommunisme.
    Le fascisme a toujours et partout eu l’appui des forces du Capital d’ailleurs, qui ne sont pas masochistes (en France avec la Cagoule; en Allemagne avec les Junkers; en Italie avec les propriétaires terriens; en Espagne idem, et avec l’Église).
    Il se conjugue très bien avec le libéralisme économique d’ailleurs, comme l’a montré l’exemple chilien: les théoriciens américains de l’école de Chicago n’ont pas eu trop de problèmes à imposer leurs idées…

    Bref, quand on voit les fachos du net nous dire que « la résistance était de droite, et les fachos de droite », c’est non seulement une contre-vérité historique (la preuve, ils sont obligés d’aller prendre des exemples individuels d’ancienne appartenance de telle ou telle personne à un parti de « gauche »), mais aussi de la connerie et de la mauvaise foi.

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